De courte comme de longue durée, les arrêts de travail sont une problématique centrale pour les PME et les ETI dont les effectifs sont par nature contraints et où chaque collaborateur joue un rôle clé dans l’organisation. Mais, au-delà des contingences du quotidien, des désorganisations éventuelles et des coûts générés par l’absentéisme, c’est le plan sociétal que l’explosion des arrêts de travail doit interpeller.
Acteur bien connu de la prévoyance, le groupe APICIL s’est intéressé à la question de l’absentéisme au travail. Que nous apprennent les résultats du baromètre 2023 de « l’Observatoire des Arrêts de Travail » ?
Dans les faits, le constat est sans appel. En 2022, l'absentéisme sur le lieu de travail a connu une hausse significative, atteignant un taux alarmant de 5,76%. Cette tendance inquiétante reflète une réalité où plus d’un salarié sur trois (35%) a été en arrêt au moins une fois dans l'année, une augmentation notable par rapport aux 28% enregistrés en 2021, soit plus de 7 points en seulement une année.
Un autre point crucial doit retenir l’attention. C’est celui de la prévalence croissante de l'absentéisme chez les talents les plus jeunes. En effet, les salariés âgés entre 30 et 39 ans ont enregistré une augmentation notable de 8,5 points. 39% ont été absents au moins une fois en 2022. Cette tendance dépasse même celle des salariés de plus de 60 ans, qui affichent un taux de 24% !
Point positif, la durée moyenne des arrêts a diminué pour se situer à 22,13 jours par salarié. Mais cette réalité doit être nuancée car, le baromètre révèle par ailleurs que les arrêts de courte durée (3 à 7 jours), quant à eux, ont augmenté. De là à poser la question de l’engagement des collaborateurs, il n’y a finalement qu’un pas ! Si le contexte post-COVID où les dynamiques organisationnelles et les attentes des salariés ont été profondément transformées, peut constituer une explication à cette déferlante de l’absentéisme, faut-il s’en satisfaire ? Le COVID a été un choc. Mais quatre ans ont passé et les effets persistent…
L’absentéisme au travail serait-il un mal sociétal que nous devons admettre sans réagir ? Certainement pas !
Le poids de ces absences chroniques sur votre entreprise est considérable. Il se manifeste d’abord par des coûts financiers directs : remplacement du salarié absent, heures supplémentaires pour les collègues, désorganisation de la production, etc. Le coût direct de l'absentéisme en France est estimé à 4,4% de la masse salariale en 2022, soit une moyenne de 2 100 euros par salarié absent !
Le poids financier de l'absentéisme au travail s’incarne également dans la gestion des indemnités journalières de sécurité sociale (IJSS).Lle coût des IJSS pour les entreprises est difficile à évaluer car il dépend de plusieurs facteurs, tels que le taux d'absentéisme, la durée des arrêts de travail et le niveau de salaire des salariés absents. Toutefois, selon les comptes annuels de l'Acoss, le coût des IJSS pour les entreprises françaises s'élevait à 13,5 milliards d'euros en 2021, soit une moyenne de 540 euros par salarié et par an.
Baisse de productivité, perte de chiffre d'affaires, dégradation de la qualité des produits ou services, pression qui pèse sur les salariés présents… Les conséquences sont multiples et protéiformes.
Est-il encore temps de réagir et de lutter contre cet absentéisme galopant afin d’éviter qu’il s’impose comme une fatalité culturelle ? Bien sûr que oui !
Pour cela, il faut actionner les bons leviers. En gérant efficacement les absences, les entreprises peuvent réduire leur impact financier et organisationnel. Mais le vrai enjeu, c’est celui de la prévention de ces absences. Celle-ci suppose de s’interroger sur la qualité de vie au travail et, plus largement, sur l’expérience collaborateur proposée par votre entreprise.
Favoriser le dialogue social, mettre en place des actions de lutte contre le stress, proposer des aides à la conciliation vie personnelle / vie professionnelle, … Le champ d’action est large, mais il ne faut pas négliger de prendre le sujet de l’absentéisme de front. Comment ? En communiquant directement sur le sujet en vue de sensibiliser les salariés aux enjeux et aux conséquences de l'absentéisme et en cherchant à les impliquer dans la recherche de solutions.
Parce que l’on ne transforme bien que ce que l’on mesure, sans doute devrez-vous mettre en place des indicateurs de suivi afin de mesurer l'absentéisme de manière régulière et de suivre son évolution ainsi que l'efficacité des actions mises en place…