Le contexte socio-économique dans lequel nous nous débattons place la notion de « flexibilité » en tête du top 10 du vocabulaire Managérial et RH : il n’est de journée qui passe où on ne l’entende plusieurs fois !

En soi, cette notion ne pose pas de problème majeur, si ce n’est que l’on peut y placer le meilleur… et le pire. La notion de flexibilité renvoie à une capacité d’adaptation et une mobilité d’esprit, certes, mais elle comporte également des zones de flou et d’approximation qui ne sans nous inquiéter : elle semble rendre tout possible… à nos dépends.

Il suffit d’ailleurs de se pencher sur les divers sens du mot pour mesurer les ambiguïtés qu’il connote : est flexible, d’abord, « ce qui se laisse courber plus ou moins facilement jusqu'à un certain point sans se briser »… Autrement dit la capacité à se "plier" aux contraintes. Tout dépend, en fait, dans quel sens et jusqu’à quel « point » ! Il est rare que cette question soit définie ou négociée, lorsqu’au moment de l’embauche on demande au candidat s’il est « flexible » ! Au sens figuré, et transposé à l’homme, la flexibilité renvoie à la souplesse, et signifie alors : « docile, soumis, complaisant, accommodant ». Est également flexible « ce qui cède facilement aux impressions qu'on veut lui donner. » On parle à cet effet d’un « caractère flexible ». Et voilà ! De la souplesse de comportement à la soumission à l’arbitraire, il n’y a parfois qu’un petit pas. En revanche, on peut considérer que ce qu’il y a de positif dans cette notion de flexibilité relève proprement de la capacité d’adaptation. Mais l’adaptation est un véritable travail de changement réfléchi, et non une acceptation implicite et tacite de toutes choses, même et y compris les plus contraires à sa pensée !

On peut en effet considérer que la mobilité et la fragilité des situations professionnelles d’aujourd’hui nous obligent à une réforme régulière de nos habitudes, de nos valeurs et de notre mode de travail :

  • Il s’agit d’abord de percevoir une évolution, par l’intermédiaire de signaux d’alertes explicites ou implicites, ce qui suppose de mettre en œuvre l’ouverture d’esprit nécessaire à la modification de son propre système de représentations, toujours rigide par nature.
  • Il nous faut ensuite proportionner notre jugement et nos attitudes par rapport à la situation nouvelle, ce qui suppose de surmonter son stress initial pour prendre plus objectivement la mesure des opportunités et des risques encourus. Cela suppose de nourrir notre système de représentations de nouvelles données à relier aux anciennes, de réorganiser notre façon de voir les choses en trouvant une cohérence acceptable.
  • Il convient enfin de s’approprier le « progrès » réalisé, ce qui suppose de trouver des solutions opérationnelles pour vivre et faire vivre le changement de manière positive ; de développer et stabiliser l’apprentissage de ce changement par une communication maîtrisée.

Dès lors, il ne s’agit pas seulement de cette flexibilité consistant à ne pas contrarier son hiérarchique ou son entreprise, mais d’un véritable investissement personnel actif qui nous impliquera dans un renouvellement agile, salutaire… et notre hiérarchie avec !

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