Entreprendre, c’est choisir et décider sans cesse. Tout processus de décision comprend de la réflexion et de l'action. Dire que la réflexion précède l'action est un truisme. L’expérience montre toutefois qu’il faut sans cesse se le rappeler.

On peut même proposer une méthode pratique pour n’oublier aucun des points clés d’un agir « prudent », c'est-à-dire qui prend en compte de façon proportionnée l’ensemble des éléments de la réalité.

Veiller à discerner les informations :

Trier et classer les informations utiles en descriptives et normatives. Le descriptif relève de données factuelles et objectives, vérifiables en dehors de toute appréciation ou jugement de valeur. Le normatif est le champ de l'interprétation personnelle, des hypothèses et des valeurs, des principes qui relèvent de la vision propre du décideur. La confusion de ces deux domaines d'informations est toujours source d'erreurs dans les jugements que l’on pose.

Toujours envisager d’autres possibilités :

Il s’agit, à partir de l'information descriptive, d’élargir les possibilités d'interprétations pour ouvrir un champ de décisions possibles plus riche et plus large que l'intuition normative première ne le permettait. Elle associe ainsi à la décision une dimension de choix réel entre plusieurs solutions valides. Trop de décisions ne sont en effet qu'exécution irréfléchie d'interprétations univoques et a priori.

Formaliser ses choix :

Les outils d'aide à la décision exigent rigueur et circonspection : rigueur dans la formalisation d'une matrice de décision, par exemple, et dans le choix de son critère d'interprétation ; circonspection, car aucune décision ne peut se ramener à une pure analyse mécanique ou une simple approche statistique. Ce qui signifie que l'approche quantitative ne saurait être décisive en elle-même. Par contre, il est toujours utile de bien prendre conscience de ses propres motivations.

Identifier sa responsabilité :

Il s'agit de mesurer en quoi et pourquoi notre identité personnelle et professionnelle est impliquée par l’action en cours. Ce qui suppose de se positionner, dans la situation proprement dite, comme sujet de décision à part entière. Dans le cas contraire, il vaut mieux s'abstenir de décider, ou s’efforcer de faire partager cette décision à d’autres.

En outre, il s’agit en effet de mesurer les conséquences personnelles de la décision, sachant qu'on ne peut la dissocier de son auteur. Chaque décision prise nous "suit" effectivement.

Se projeter dans le futur :

Toute décision prise doit également être une source d'information pour l'avenir. De quelle manière les choix en cours conditionnent-ils les choix futurs, que ce soit en agissant sur les environnements, sur les gens ou sur les données professionnelles directes ? Autrement dit, voit-on plus loin que la décision immédiate que l'on est en train de prendre ? Cette dernière ouvre-t-elle un large champ d'action derrière elle, ou ferme-t-elle toute autre possibilité de manière définitive ?

Dans le doute, patienter :

La prise de décision est-elle incontournable ? Que se passe-t-il s'il n'y a pas de décision prise ? Quelle est sa butée raisonnable dans le temps ?

Bien souvent, en effet, la nécessité psychologique de la décision l'emporte sur sa nécessité réelle, provoquant des risques inutiles et des responsabilités surfaites. A l’inverse, il ne s’agit évidemment pas d’attendre indéfiniment d’avoir toutes les certitudes pour agir : on ne ferait jamais rien ! Mais l’urgence est la pire ennemie de l’intelligence.

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