Vous avez voulu changer. Quitter la clope, vous mettre au sport, perdre du poids, bifurquer dans votre carrière, améliorer un trait de comportement qui vous déplait.

C’est difficile. Nous en avons tous fait l’expérience.

C’est difficile pour des raisons intrinsèques (notre génétique, notre caractère, nos biais cognitifs …) ou extrinsèques (l’environnement, le contexte social …).

Contrairement aux apparences, la réussite d’un changement n’est pas une affaire de volonté. C’est une affaire de stratégie pour ruser avec notre volonté.

Votre disposition d’esprit la plus déterminante est votre capacité à croire en ce que vous faites, mixée avec votre capacité à prendre du plaisir dans le processus. Changer est un choix. Se mettre en route librement est un privilège.

Après avoir listé « Les 6 états d'esprit qui bloquent le changement », je vous propose maintenant d’explorer un processus, qui, peut-être, fonctionnera pour vous, si vous acceptez de l’appliquer et de lui donner sa chance.

1. Se créer des objectifs clairs, sous trois angles :

Vous le savez j’en suis certaine, (puisqu’on vous le rabâche sur tous les tons dans l’univers du développement personnel) : avoir un but est une manière (mais pas la seule) de maintenir la motivation et de se projeter dans l’avenir.

Mais avez-vous tenu compte du fait que vos objectifs peuvent être de trois natures ?

  1. L’objectif de résultat à court, moyen ou long terme :

Il vous permet de vous projeter en pensée vers un futur désirable à vos yeux. Il fixe votre volonté et votre effort. (Exemple : « Être sélectionné dans l’équipe MachinChose»

  1. L’objectif de performance :

C’est un défi, un challenge. Il apporte un aspect ludique qui évite la lassitude et la routine, et donc prévient l’abandon. Il augmentera votre sentiment de compétence. (Exemple : « Obtenir 3 rdv en passant 10 coups de fil »)

  1. L’objectif de processus :

Il vous engage et canalise votre attention, il vous permet de vous perfectionner et d’être dans l’apprentissage. Il augmentera votre sentiment de maitrise. (Exemple : « Rationaliser mon organisation en utilisant la méthode TrucBidule »)

Selon votre nature et votre situation, vous augmenterez vos chances de réussite en mixant ces trois types d’objectifs.

2. Explorer profondément sa motivation au-delà du « Pourquoi » :

Quoi qu’en disent les amateurs de solutions simples, le « Pourquoi » du changement est ambigu.

Il peut vouloir dire « Pour obtenir quoi ? », « Pour quels bénéfices ? », « Quels sont les avantages de ce changement ? » mais aussi « Quel est mon désir ? », ou « Pour quelles raisons ? » ou « Quelles sont mes valeurs ? »

Des aspects légèrement différents, que vous pouvez explorer pour trouver l’élan qui vous manque aujourd’hui. L’un vous parlera plus que l’autre et vous servira d’étincelle pour faire rugir le moteur.

Pour ce faire, allez chercher dans votre for intérieur la réponse à quelques questions existentielles telles que : « Quel est mon désir de vie ? », « Comment je me vois dans 5 ou 10 ans », « Qu’est-ce que je juge préférable ?», « Quels sont mes besoins », « Qu’est-ce qui me semble réellement important à l’échelle de ma vie ? », « Qu’est-ce que je veux avoir accompli au soir de mon existence ? », « Quel exemple ai-je envie de donner ? », « Qu’est-ce que j’ai envie de démontrer de moi-même ?

Ecrivez une liste de toutes vos réponses. Noir sur Blanc ! Avec votre petite menotte ! Sur une feuille que vous garderez à portée de main et que vous relirez et relirez et relirez … Vous pouvez commencer chacune de vos phrases ainsi : « J’ai décidé de changer parce que … ». Changer est un choix. Affirmez ce choix haut et fort face à la partie de vous qui se trouve bien comme elle est … et qui vous pousse à la flemme !

3. Amplifier et corriger son dialogue intérieur

Comme les grands glaciers, nos objectifs glissent et s’effondrent d’abord petits bouts par petits bouts, puis dans un grand craquage … qui fait place à un étrange silence. Empêcher cet effacement, sournois puis brutal, passe par un travail de vigilance.
Pour le réussir, nous devons prendre conscience de nos mini-actions automatiques et des pensées qui les accompagnent : par exemple « Ce n’est pas si grave si je réduis un peu ma séance de travail ». Pensée qui semble anodine et prépare aux grands renoncements. Une manière de prévenir cela est d’écrire toutes vos raisons d’agir, et de préparer des reformulations des phrases de « reculade » qui surgissent dans nos caboches.

Par exemple « Est-ce que ma promotion vaut vraiment tous ces efforts ? » sera remplacée par « Oui, ça vaut ces efforts, car j’ai décidé de la trajectoire que je veux suivre et cela m’apportera Ceci et Cela »

En prévention, vous allez relire régulièrement vos réponses aux questions du « Pourquoi ? » que vous avez travaillées à l’étape précédente. Je vous invite à le faire au moins trois fois dans la journée : le matin, le midi et le soir. (Ou bien aux moments où vous vous savez plus à même de craquer.)

Votre monologue interne sera votre rempart, si vous apprenez à le réguler et à l’accentuer pour votre bénéfice.

Vous n’êtes pas vos pensées. Vous n’êtes pas vos émotions. Reprenez le contrôle.

4. Avoir une stratégie : un plan A … et un plan B

Vous avez peut-être déjà votre petite idée sur la stratégie concrète de changement que vous allez utiliser, parce que vous avez beaucoup lu sur le sujet qui vous pose problème ou beaucoup consulté. Mais mais mais … nous avons tous des biais cognitifs. Vous comme moi. Des angles morts, des « solutions » que l’on préfère à d’autres parce qu’elles « collent » à notre vision du monde, à nos habitudes, à nos croyances… tout ceci gagne à être examiné à la loupe ! N’oubliez pas que seule l’expérimentation vous donnera raison … ou pas. Pour éviter le risque de jeter le bébé avec l’eau du bain si votre plan A ne fonctionne pas, préparez un plan B. N’hésitez pas à consulter une fois de plus pour glaner un autre avis, ou une autre méthode. Ecoutez tout d’une oreille neuve. Faites taire votre critique intérieur quand il se transforme en éteignoir.

Lorsque vous aurez votre méthode A, restez scotché au plan et allez-y progressivement. Si vous sentez que votre motivation flanche, maintenez absolument des petites actions pour rester dans la dynamique du changement. Il est plus facile de maintenir un mouvement, même minimal, que de remettre en marche une « machine » à l’arrêt. Donnez une chance réelle à la méthode A, avant de passer au plan B. Analysez ce qui fonctionne bien et ce qui peut être amélioré.

Notre corps et notre cerveau cherchent à s’économiser, et par conséquence beaucoup de nos pensées sont des manières de rationaliser nos renoncements. Examinez vos pensées et recadrez-les comme vu à l’étape 3.

5. Se faciliter le passage à l’action :

Préparer le terrain vous aidera beaucoup. Faites en sorte que votre environnement soit facilitateur et favorable. Pour cela identifiez les obstacles, les difficultés, les freins, les moments et circonstances à risque … examinez les dynamiques qui freineront ou soutiendront votre intention première. Voici quelques questions pour vous aider :

« Quelles sont mes sources de distractions ? Quels sont les moments où je risque de renoncer ? Quelles sont les tentations que j’ai déjà rencontré dans mes précédentes tentatives ? Quels sont les pièges qui peuvent me faire trébucher ? »

Prenez des mesures contre ça, comme vous prenez des mesures de sécurité en bouclant votre ceinture en voiture ou en portant un casque à vélo. Un petit clic vaut mieux qu’une grande claque (à nos égos)

6. Racontez-vous l’histoire positive de votre aventure

Regardez le changement comme une aventure. C’est un voyage qui commence. Un voyage qui trouve racine à l’intérieur de vous par une décision, puis la préparation, les découvertes, les obstacles, la planification, les astuces … Vous allez apprendre beaucoup tout au long de ce parcours ! Amusez-vous, instillez du plaisir, de l’amusement, du jeu … vous n’êtes pas aux galères ! Vous exercez votre pleine liberté en vous affranchissant d’une forme de déterminisme !

7. Auto-bienveillance et apprentissage

Vous allez avancer. Vous allez reculer. Vous allez trébucher. Vous allez être fier. Vous allez en avoir plus qu’assez. Vous allez vous énerver. Vous allez rire.

Autrement dit, vous allez passer par toutes les couleurs de l’arc en ciel !

Gardez en tête que vous êtes « un apprenti » de la vie et acceptez ce versant de l’expérience humaine.

La bienveillance envers vous-même dans votre dialogue intérieur peut vous soutenir dans les moments compliqués. « Aujourd’hui c’est difficile pour moi. Je n’ai pas fait les choses tout à fait comme j’aurais idéalement prévu. J’ai simplement fait du mieux que j’ai pu dans l’instant. Je progresse. Demain sera un autre jour »

Un jour à la fois. Ou même … si c’est vraiment difficile … une heure à la fois.

Ne regardez pas le changement comme si vous deviez gravir l’Everest en tong !

Vous allez juste jouer à la marelle en sautant d’une case à l’autre !

Tags: Motivation Engagement Sens