Après avoir compris qu’il n’y avait pas de croissance durable sans vision RH à long terme, nous avons vu la dernière fois qu’il n’y avait pas de vision RH à long terme si on ne savait pas ce qu'était le «capital humain». Et j’ai proposé une issue positive à la perplexité qui nous atteint lorsque nous recensons les définitions existantes : le capital humain représente le potentiel de développement d’une entreprise.

3/ Pas de potentiel de développement sans créativité et innovation

Mais dans le contexte actuel, nombre d’entreprises sont obligées de gérer leurs perspectives à courts termes. Plus trivialement : la gestion des affaires courantes l’emporte sur la visibilité et la créativité. Or cette réalité n’est pas sans conséquences sur leur avenir, tant en termes de développement que de ressources humaines. Quand on ne sait plus très bien où l’on va, il est difficile de discerner le chemin !
Rappelons des notions élémentaires : les décisions courantes visent les gains de productivité ; une décision stratégique vise les gains de compétitivité, en améliorant l’efficience de l’entreprise. Une précision de vocabulaire s’impose ici :

  • La productivité relève de «l’efficacité», c’est à dire de la capacité maîtrisée et programmée de produire le maximum de résultats avec le minimum d’efforts et de dépenses.
  • «L’efficience» est d’un autre ordre : elle est la faculté de produire un effet à partir de causes ou de principes actifs qui agissent réellement et permettent de développer un potentiel.

Nous dirons, par exemple, qu’un placebo est «efficace», mais qu’il n’est pas «efficient». Transposé à notre sujet, une gestion des affaires courantes peut s’avérer efficace… sans créer l’effet de développement dont l’entreprise a besoin pour assurer sa croissance durable.
En effet, paradoxalement, l’efficacité ne crée pas de valeur ; la performance, elle, exige l’efficience. Et, en matière de décision, l’efficience repose d’abord sur un fond conceptuel réfléchi et une combinatoire créative. Il faut bien dire que ceci fait parfois mauvais ménage avec les structures hiérarchiques policées auxquelles nous sommes très attachés. C’est que l’efficience – et la créativité qui lui est connexe – fait peur à tous, à cause de ses effets non maîtrisés a priori. L’amélioration de l’efficacité, quant à elle, ne comporte pas grand risque et satisfait ceux qui ont le pouvoir dans l’entreprise : les financiers et les actionnaires, car elle paye à court terme. L’efficience peut s’avérer beaucoup plus payante à moyen et long terme, mais la prise de risque est telle que le système a tendance à la brider avant même qu’elle ait pu voir le jour.
Il convient peut être de rappeler que l’avenir n’appartient pas à ceux qui voient «plus» le plus vite possible, mais à ceux qui voient «mieux» et «loin». Ne pourrait-on d’ailleurs trouver là une définition appropriée du développement durable ?
Nous aborderons donc la prochaine fois ce que signifie voir mieux et plus loin.

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