Santé mentale en entreprise : quand et qui consulter ?

Une réalité qui pèse
Le stress, la pression, les délais… Et parfois, un petit "coup de pouce" chimique pour tenir. Un coup de pouce qui en entraîne un autre ... et peut dériver en habitude ou en addiction. De plus en plus de salariés se laissent tenter par la chimie chronique, quitte à piquer l'ordonnance du cousin-voisin diagnostiqué TDAH.
Selon l’INRS, les substances les plus courantes au travail sont l’alcool (91 %), le tabac (66 %), le cannabis (64 %) et les médicaments psychotropes (43 %). C'est énorme !
Et les chiffres sur la détresse psychologique sont tout aussi alarmants : 42 % des salariés se disent en souffrance modérée, 15 % en détresse élevée (baromètre Empreinte Humaine). Sans parler des jeunes qui arrivent déjà épuisés avant même de commencer leur vie pro.
Santé mentale : c’est quoi, au juste ?
La santé mentale a plusieurs dimensions et va au-delà de la "simple" absence de troubles.
Dans les grandes lignes, on parle d'un état de bien-être qui permet à une personne de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler de manière productive et de contribuer à la vie commune.
Vous êtes d'attaque pour une définition officielle ? Soyons gourmands, en voici deux !
👉 Selon l'OMS "La santé mentale est un état de bien-être qui permet à chacun de se réaliser, de surmonter les tensions normales de la vie, d’accomplir un travail productif et de contribuer à la vie de sa communauté."
👉 Pour l'INSERM "La santé mentale recouvre à la fois le bien-être subjectif, l'autonomie, la compétence, la dépendance intergénérationnelle et la réalisation du potentiel intellectuel et émotionnel de chacun."
J'imagine vos yeux qui surlignent en mettent en gras : autonomie, tensions normales de la vie, bien-être subjectif, travail productif, potentiel intellectuel ...
Pour ceux qui aiment "Cocher des cases", on peut dire que la santé mentale, c'est pouvoir :
- Jouir de la vie,
- Être productif,
- Equilibrer les vies vie pro / perso,
- Gérer son stress pour faire face à la détresse, et aux montagnes russes.
- S’adapter aux changements,
- Moduler ses émotions.
Vaste programme ! On gagne à l'aborder par ses aspects factuels.
Les signaux d’alerte, quand faut-il réagir ?
Un passage à vide, ça arrive.
Mais si la fatigue nous plombe, si le stress nous suit jusque sous la couette, si le printemps est juste aussi lourd que l'hiver et si les journées ressemblent à un marathon sans fin … alors on a glissé dans la spirale négative.
Voici les signaux qui doivent vous alarmer s'ils se cumulent en vous (ou chez un proche) :
- Difficulté à dormir
- Fatigue persistante
- Émotions en dents de scie
- Perte de motivation et léthargie
- Concentration défaillante et erreurs répétées
- Inquiétudes ou angoisses hors de contrôle
- Déprime tenace
- Irritabilité
- Tendance à s'isoler
- Détérioration de l’hygiène personnelle
- Augmentation ou perte d'appétit
- Problèmes interpersonnels et/ou conflits excessifs
- Pensées bizarres et/ou irrationnelles
Et les trois indices les plus alarmants :
- Utilisation de drogues ou d’alcool
- Actes antisociaux : voler, mentir, menacer, intimider
- Pensées et gestes suicidaires
Consulter : quand et qui ?
Les règles d’or ? Elles sont simples !
- Si les souffrances se cumulent, sont profondes et persistantes, il faut agir,
- Si les copains ou la famille vous disent "Tu as changé, je ne te reconnais plus", il faut agir,
- Si vous ne vous reconnaissez plus, il faut agir,
- Si vous pensez à tout balancer, le bébé et l'eau du bain, il faut agir,
- Et si vous pensez à vous faire du mal ... il faut agir MAINTENANT !
À qui s’adresser ?
1/ En cas de craquage, de danger grave et immédiat, n'attendez pas : appelez le SAMU (15) ou les pompiers (18). Si vous êtes une personne sourde, malentendante, sourdaveugle ou aphasique : contactez le 114 en visio par l’application mobile « urgence 114 », par la page web www.urgence114.fr ou par SMS en tapant “114” à la place du nom du destinataire.
2/ Pour les situations moins urgentes :
- Médecine du travail : Premier point de contact, qui peut vous orienter vers un spécialiste.
- Services nationaux d'écoute : SOS Amitié, SOS Suicide-Ecoute ... vous trouverez une liste de ressources en fonction de votre situation sur le site Psycom, un organisme public qui informe, oriente et sensibilise sur la santé mentale.
- Permanences psychologiques proposées par certaines entreprises et le plus souvent assurées à distance par des cabinets indépendants, dans le cadre du programme d'aide aux employés. C'est totalement gratuit et "étanche" vis à vis de l'employeur. Le PAE est prévu pour vous soutenir dans les problèmes de nombreux domaines de vie.
- Psychologue spécialisé en "Psychologie du Travail et des Organisations" : une qualification facile à trouver dans la célèbre appli de prise de rdv médicaux.
Agir maintenant pour éviter l'effet boomerang
Toutes les solutions bancales que nous expérimentons pour "tenir" et continuer à faire l'autruche vont soit aggraver le problème, soit en créer un autre. (Troquer le stress contre la dépendance à l'alcool, ça rappelle un pacte Faustien ...)
Oser consulter pour gagner en liberté et avancer dans sa vie
Vous avez lu les chiffres en début d'article ? La détresse psychique est "normale" ! Prenez-la au sérieux, mais sans dramatiser. Il vous arrive ce qui est arrivé à des millions de personnes avant vous. Oubliez la honte ou la peur du jugement. Se faire accompagner quand ça ne va pas, ce n’est pas un aveu de faiblesse, mais une preuve de lucidité. Le plus souvent vous rencontrerez abondance de soutien et d'empathie, puisque d'autres autour de vous sont passés par là. C'est notre commune nature humaine. Le simple fait de fixer un rdv sera un soulagement, parce que vous vous sentirez fier de cette prise de décision. Puis ensuite tout s’enchaînera : la 1ere prise de parole sera un immense soulagement : un poids vous sera ôté des épaules.
Plus tôt on agit plus il est facile de rebondir ... et moins les conséquences sont lourdes