Le sujet de l’Intelligence Artificielle générative a probablement été l’un des plus traités, pour ne pas dire rebattus, de l’année 2024. Il donne beaucoup d’espoir aux uns, et inquiète les autres, sans compter ceux pour lesquels ça reste un mystère… Mais qu’en pensent ceux qui sont et seront les premiers concernés dans l’entreprise : les travailleurs eux-mêmes ? L’enquête mondiale « People at Work 2024 : l’étude Workforce View » menée par ADP Research, met en lumière les perceptions contrastées des salariés quant à l’impact de l’IA sur leur travail.
Une lucidité en progression sur l’impact de l’IA
Premier constat significatif : 42 % des travailleurs dans le monde pensent que « l’IA remplacera tout ou partie de leurs fonctions (seuls 18 % sont d’un avis opposé »). Cela ne préjuge pas si c’est pour eux en bien ou en mal, mais cela montre a minima une lucidité qui m’apparait nécessaire. L’IA pose en effet des défis éthiques, techniques et socioéconomiques majeurs. En entreprise, l’interaction homme-machine se révèle source d’une réorganisation potentielle du travail comme il n’y en a pas eu de semblable dans l’Histoire. Car, répétons-le, l’IA demeure une machine, avec des capacités d’extension des sources et de combinatoire innovante quasiment impossible à l’homme ; mais paradoxalement c’est là sa limite : elle ne saurait être créative, au sens radical du terme. Ce qui n’a jamais existé et qui n’est pas le résultat d’un combinatoire habile – "algoritmée" –, même inédite, ne saurait être son objet… puisqu’elle n’est en rien un sujet personnel. Mais cela n’enlève rien à ses fonctionnalités, à sa puissance et à son extrême utilité.
Faut-il être optimiste sur le rôle de l’IA ?
Les optimistes sont souvent ceux qui l’on testé, au moins en partie : ils sont 43 % à affirmer que « l’utilisation de l’IA au travail sera positive », et 70 % de ceux qui s’attendent à bénéficier régulièrement du soutien de l’IA dans les trois prochaines années sont convaincus de « disposer des compétences nécessaires pour progresser dans leur carrière ». Il est certain que l’IA peut représenter un allègement des tâches à faible valeur ajoutée ou chronophages, pour se recentrer sur l’essentiel de leurs missions stratégiques.
Mais le problème reste entier dans les métiers entièrement concernés par ces tâches automatisables ou « machinables » (pardon pour le néologisme). Près d’un salarié sur cinq a ainsi des appréhensions pour la sécurité de son emploi ; et seulement 45 % de ceux qui craignent le plus l’IA considèrent « avoir les compétences nécessaires pour s’adapter ».
Pessimisme ou prudence ?
En Europe, 18 % des salariés affirment que « l’IA n’aura pas d’impact sur leur travail dans les deux ou trois prochaines années », un chiffre qui dépasse de plus du double la moyenne mondiale (8 %). 49 % des personnes interrogées affirment que les compétences de demain nécessiteront des connaissances technologiques qui ne sont pas encore utiles dans leur travail actuel.
Parallèlement, seuls 47 % des salariés estiment que leur employeur investit suffisamment dans les compétences dont ils auront besoin pour progresser. Une alerte que relaie Carlos Fontelas de Carvalho, Président d’ADP en France et en Europe centrale. « Si l’IA promet d’optimiser la productivité et de stimuler l’innovation, il est toutefois essentiel pour les organisations de répondre aux préoccupations des salariés et d’assurer une transition harmonieuse vers son intégration dans le cadre professionnel ».
Les avancées révolutionnaires en matière d’intelligence artificielle ont le potentiel de transformer profondément le travail. Cependant, pour de nombreux travailleurs, ce potentiel n’est pas immédiatement perceptible à ce jour et les promesses de l’IA restent éloignées de leurs réalités quotidiennes. Carlos Fontelas de Carvalho conclut : « L’IA permet d’automatiser des tâches, mais pas d’automatiser des emplois. Ainsi, respecter l’équilibre entre l’humain et la technologie sera primordiale, notamment dans le secteur RH ».
L’IA n’est pas dangereuse. C’est l’usage que nous en faisons qui peut le devenir.
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Vous pouvez lire aussi https://www.fr.adp.com/rhinfo/articles/2024/10/la-ou-les-cliches-generationnels-seffondrent.aspx
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