par On a tendance à circonscrire l’impact de la transition écologique sur l’emploi aux seuls métiers verts. Pourtant, si on se place sur une perspective moyen terme, l’intégralité des emplois vont en réalité être impactés par cette transformation. C’est pourquoi, pour être compétitives demain, les entreprises doivent dès aujourd’hui recruter massivement sur des compétences vertes et sur l’engagement.
La transition écologique : une révolution industrielle… en deux fois plus rapide
Selon Selma Mahfouz, inspectrice générale des finances, rapporteure du rapport Pisani-Ferry Les incidences économiques de l’action pour le climat (mars 2023) : “la transition vers une économie bas carbone est une transformation économique majeure qui a l’ampleur des révolutions industrielles passées, mais qui est 2 fois plus rapide”. Ainsi, comme pour les révolutions précédentes, la dernière en date étant l’avènement du numérique, cette transition va nécessiter une transformation profonde des entreprises. De la même manière que personne n’imagine aujourd’hui pouvoir entrer dans le monde du travail sans aucune compétence informatique, la compréhension des enjeux environnementaux et sociaux sera la compétence clé des prochaines années.
Le verdissement des métiers est (déjà) en marche
Cette révolution est d’ailleurs déjà en marche. Au-delà des 140 000 métiers verts existants - principalement dans les secteurs de l’assainissement, l’eau, l’énergie et la protection de la nature - se sont près de 4 millions d’emplois qui se verdissent selon l’INSEE. Ce verdissement concerne tous les secteurs, du bâtiment à l’industrie en passant par la recherche et développement, et tous les niveaux de responsabilité : 26% des emplois cadres intègrent désormais une dimension écologique, et 14% du total des emplois. A titre d’exemple, les métiers des achats doivent intégrer des critères environnementaux et des logiques de cycle de vie dans leurs processus ; et ceux de la finance sont impactés par la mise en place des différentes normes telles que la CSRD. L’urgence du réchauffement climatique, la multiplication de la réglementation verte et l’augmentation de l’exigence des consommateurs vont accélérer ce phénomène. Demain, 100% des emplois et 100% des entreprises seront impactées.
Recruter dès maintenant des talents engagés
Dans ce contexte, les entreprises qui tireront leur épingle du jeu seront celles qui auront su anticiper le plus tôt cette révolution. Pour se faire, les RH ont un rôle majeur à jouer, en recrutant sans tarder des candidats engagés pour la transition écologique et solidaire. Il s’agit tout d’abord, bien sûr, de pourvoir les métiers verts et verdissants au sein des entreprises avec des profils qualifiés techniquement : responsable RSE, analyste ESG, chef de projet ACV,... Mais aussi, et c’est tout aussi important, de détecter sur chaque recrutement la capacité des candidates et des candidats à anticiper les impacts de la transition écologique sur leur métier afin de garantir la compétitivité de l’entreprise dans ce nouveau contexte. Cela suppose d’adapter les critères de recrutement et d’y intégrer les compétences clés de la transition.
Compétences techniques et compétences comportementales
Tout d’abord, il importe de pouvoir tester l’intérêt du candidat pour les questions liées à la transition écologique, et sa réflexion sur son impact sur l’activité de l’entreprise. On pourra par exemple identifier cette capacité de projection lors de l’étude de cas, ou dans une question ouverte pendant un entretien. Ensuite, ce sont principalement les compétences comportementales qui seront nécessaires pour réussir cette transition, et donc à rechercher en priorité chez les candidats : capacité d’adaptation, coopération (davantage que compétition), gestion du changement, sont des qualités tout aussi importantes que les connaissances académiques pour être en mesure de porter les transformations écologiques à venir. Pour s’assurer de recruter les bons candidats, on pourra effectuer des mises en situation pour mesurer ces soft skills, mais aussi privilégier les candidatures qui présentent des expériences associatives - bénévoles ou salariées.
Créer une marque employeur engagée
Mais avant de pouvoir sélectionner les meilleurs candidats engagés au service de la transition écologique de votre entreprise, encore faut-il pouvoir les attirer ? Et à l’heure ou la GenZ se montre particulièrement intransigeante sur la question des valeurs, les jolies photos ou les babyfoots ne suffisent plus ! Selon un sondage réalisé par Harris Interactive pour le collectif Pour Un Réveil Écologique, 70% des jeunes refuseraient de rejoindre une entreprise polluante.
La première action à mener est donc d’entamer sincèrement la transformation de son business model pour le rendre compatible avec les accords de Paris, en résistant à la tentation du greenwashing. La transparence est indispensable sur le sujet : dotez vous d’une étude d’impact, faites vous labelliser (BCorp, Lucie, Impact Score,...), communiquez sur votre bilan carbone et vos engagements concrets pour réduire vos émissions,... sans oublier de communiquer aussi sur vos erreurs et échecs !
Mais l’engagement doit également être social, et la flexibilité des conditions de travail est à ce titre un indispensable pour être en mesure d’attirer les meilleurs talents : possibilités de télétravail, full remote ou encore aménagement de la durée du travail (et pourquoi pas la semaine de 4 jours ?) sont les premiers critères recherchés par les candidats.
Enfin, la dernière clé pour être un employeur engagé est de repenser la gouvernance pour donner davantage d’autonomie aux nouvelles recrues, junior comme plus senior. Chez makesense par exemple, nous avons opté pour un mode de gouvernance partagé, sans hiérarchie, afin de favoriser la prise d’initiative et faciliter notre capacité d’adaptation.
Engagement environnemental, flexibilité, autonomie : voici les 3 mots clés pour être en mesure de recruter les talents qui transformeront votre entreprise pour la prochaine révolution économique, celle de la transition écologique !