Dans un contexte où les attentes professionnelles évoluent rapidement, les entreprises doivent se réinventer pour attirer et fidéliser les talents. Parmi les solutions innovantes, le Jobsharing se distingue par sa capacité à combiner flexibilité et performance. Ce modèle permet à deux salariés "Jobpartner" de co-exercer une fonction en co-responsabilité, tout en assurant une couverture continue des fonctions de l’entreprise.

Examinons en quoi le Jobsharing peut transformer les pratiques RH, et pourquoi il pourrait devenir un outil stratégique pour les DRH.

Qu’est-ce que le Jobsharing ?

Le Jobsharing, ou partage de poste, consiste à diviser les responsabilités d’un même poste entre deux collaborateurs, qui travaillent à temps partiel ou à temps plein. Ce duo collabore pour assurer une continuité de service optimale tout en bénéficiant d'une flexibilité accrue. Cette organisation permet de mutualiser les compétences des deux membres, d’enrichir les perspectives et d’assurer une synergie qui bénéficie tant aux salariés qu’à l’entreprise.

Le Jobsharing n’est pas une nouveauté sur le plan international. En 2019, 25 % des entreprises suisses proposaient ce modèle, rejoignant ainsi des pays comme les États-Unis (31 %), l'Allemagne (27 %) et l'Angleterre (25 %). En France, cette pratique a été introduite dès 1994 par l'entreprise Hewlett-Packard, qui continue de l'appliquer. Aujourd’hui, elle reste essentiellement utilisée dans les milieux hospitaliers, notamment par les médecins et les infirmières.

Les avantages du Jobsharing

  1. Pour les collaborateurs :

Le Jobsharing répond à une demande croissante de flexibilité. Il permet aux salariés de concilier vie professionnelle et vie personnelle tout en réduisant le stress. Ce modèle favorise également le développement de nouvelles compétences grâce à l'échange et à la complémentarité entre les Jobpartners. En outre, il offre la possibilité de maintenir une progression de carrière tout en prenant du temps pour soi et pour d'autres activités. C’est une solution particulièrement adaptée aux salariés ayant des obligations familiales (comme les parents ou les aidants), en reconversion ou en multi-activités, en reprise d'études, ou encore ceux qui souhaitent s’engager dans des activités bénévoles.

  1. Pour les équipes :

Le Jobsharing permet à l’équipe de bénéficier d’une double expertise. En effet, cette organisation favorise la diversité des idées et stimule la collaboration interne, en renforçant l’esprit d’équipe. De plus, si l’un des jobpartners est absent, l’autre prend le relais, ce qui garantit une continuité du travail.

  1. Pour les managers :

Le Jobsharing aide les managers à recruter des talents complémentaires qui, en duo, couvrent l'ensemble des compétences recherchées : un véritable mouton à 8 pattes ! Ce mode de travail permet également une meilleure répartition des tâches et réduit les sollicitations excessives. Il assure par ailleurs, une continuité pendant les congés ou absences, ce qui allège la gestion quotidienne des équipes.

  1. Pour l’entreprise :

L’adoption du Jobsharing contribue à réduire le turnover, l’absentéisme et les risques de burn-out en offrant une meilleure qualité de vie au travail. L’entreprise bénéficie également d’une meilleure diversité des compétences et d’un environnement de travail plus inclusif. Le Jobsharing est une opportunité pour développer la mixité au sein des postes à responsabilités. Ces avantages renforcent l’attractivité de l’entreprise sur le marché de l’emploi, la fidélisation et la montée en compétences des talents, tout en consolidant sa marque employeur.

Les défis du Jobsharing

Malgré ses nombreux avantages, le Jobsharing présente certains défis qui doivent être anticipés pour garantir son succès.

  1. Pour le duo :

L'alchimie entre les deux collaborateurs est essentielle. Une mauvaise entente ou un déséquilibre dans la répartition des responsabilités peut entraîner des tensions. La coordination doit être fluide pour maintenir une cohérence dans le travail, et il est crucial que chaque membre sache mettre son ego de côté pour garantir l’harmonie. De plus, il est important d’éviter que l’un des membres soit surchargé en raison de sollicitations excessives sur certains aspects du poste.

  1. Pour les équipes managées :

Les équipes doivent s’adapter à la présence de deux interlocuteurs. Si les styles de management des membres du binôme diffèrent trop, cela peut créer de la confusion. Il est donc essentiel de communiquer clairement les rôles et responsabilités de chacun afin de maintenir une continuité fluide et efficace.

  1. Pour les managers et DRH :

La gestion de la masse salariale, des rémunérations, des avantages sociaux, des budgets formation et l’ajustement des processus internes représentent des défis non négligeables pour les DRH. Les managers doivent suivre de près la dynamique du duo et veiller à une évaluation juste et équitable des deux collaborateurs. La mise en place de points réguliers pour ajuster la collaboration et les objectifs est essentielle pour assurer la réussite du Jobsharing.

Quand le Jobsharing devient un atout

Le Jobsharing est particulièrement adapté dans plusieurs contextes spécifiques :

  • Recrutement de talents rares : En combinant deux profils complémentaires, l’entreprise obtient une synergie de compétences souvent introuvable chez une seule personne.
  • Parentalité : Les parents peuvent ainsi mieux équilibrer leurs responsabilités professionnelles et familiales.
  • Leadership féminin : Le Jobsharing facilite l'accès des femmes à des postes à responsabilité en permettant une conciliation efficace entre vie personnelle et professionnelle et aussi à casser le fameux plafond de verre !
  • Transmission intergénérationnelle : Il permet de faciliter la transmission de savoirs entre jeunes talents et collaborateurs plus expérimentés.
  • Slashing et diversité d'activités : Pour ceux qui cumulent plusieurs activités professionnelles ou souhaitant s’investir dans des projets annexes, le Jobsharing offre la flexibilité nécessaire.
  • Sénior : il permet également d'aménager les fins de carrière et de réduire le risque de pénibilité
  • Reconversion professionnelle ou reprise d'études : il permet une transition en douceur vers un nouveau métier notamment lorsque le Jobspartner maîtrise déjà le métier. Par ailleurs le Jobsharing permet de faire bénéficier l'entreprise de nouvelles compétences acquises notamment grâce à un suivi d'études en parallèle.

Exemples concrets de Jobsharing

  • Exemple d'Emmanuelle et Virginie qui ont partagé leur poste toutes deux à 100% au sein d'une grande école de commerce durant plus de 3 ans. Un véritable succès pour le duo mais également pour l'entreprise, notamment grâce à l'absorption des accroissements d'activités à certains moments de l'année.
  • Un autre exemple, en Allemagne, illustre la réussite de Florence et Thomas, sur un poste de direction Category Management, qui partageaient leur poste à temps partiel. Alternant les jours de travail, ce modèle permettait une continuité dans les décisions et les projets, tout en favorisant un équilibre entre leurs vies professionnelles et personnelles, l'un reprenant un doctorat et l'autre ayant pour projet de lancer son activité en complément.
  • Un dernier exemple de Léna et Frédéric, avec la mise en place du Jobsharing pour 2 alternants. Une belle occasion pour l'entreprise d'avoir un alternant en continu.

Comment fait-on concrètement ?

Pour réussir l’implémentation du Jobsharing, il est essentiel de suivre plusieurs étapes clés :

  1. Communication : Informer et convaincre toutes les parties prenantes des avantages du Jobsharing. Organiser des sessions d’information pour expliquer son fonctionnement et les bénéfices qu'il peut apporter à l’entreprise.
  2. Matching des Jobpartners : Analyser la complémentarité et la compatibilité des Jobpartners est un prérequis pour que cela fonctionne.
  3. Structure claire : Définir clairement les responsabilités de chacun, en veillant à ce que leurs compétences soient complémentaires.
  4. Suivi régulier : Planifier des réunions régulières pour évaluer la progression du duo et ajuster les objectifs au besoin.
  5. Outils de communication : Utiliser des outils collaboratifs comme Teams, Slack ou Zoom pour assurer une coordination fluide entre les membres du duo.
  6. Budget et coûts : Évaluer les coûts d’implémentation (période de recouvrement entre les 2 Jobpartners, coaching du Duo, accompagnement des équipes en internes.) par rapport aux bénéfices attendus, en particulier en termes de rétention des talents et de réduction du turnover.

Conclusion

Le Jobsharing est une solution flexible et performante pour répondre aux attentes croissantes des collaborateurs, tout en garantissant la continuité des fonctions essentielles au sein de l’entreprise. Pour les DRH, il constitue un levier stratégique pour attirer et fidéliser des talents, renforcer la diversité et la QVCT, favoriser l’innovation. En adoptant cette pratique, les entreprises anticipent les transformations futures du marché du travail tout en répondant aux besoins actuels de flexibilité.

Tags: Jobsharing Collaboration Fidélisation