Près d’un salarié sur deux est soumis à un niveau de stress élevé*. Un chiffre retentissant.

Les entreprises sont donc sommées d’agir, d’une part pour remplir leurs obligations légales, mais aussi pour répondre à des enjeux de productivité, de performance économique et de réputation.

Pour mémoire, rappelons la définition du stress au travail donnée par l’accord national interprofessionnel de 2008 :

« Un état de stress survient lorsqu’il y a un déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face. L’individu est capable de gérer la pression à court terme, mais il éprouve de grandes difficultés face à une exposition prolongée ou répétée à des pressions intenses. En outre, différents individus peuvent réagir de manière différente à des situations similaires et un même individu peut, à différents moments de sa vie, réagir différemment à des situations similaires. »

Malgré cette définition, le stress est un phénomène difficile à cerner.

D’abord parce que, situé à la frontière du physiologique, du social et du psychologique, le terme « stress » est devenu un mot valise.

Ensuite car le phénomène « stress » est subjectif, et qu’il se niche dans la superposition de la vie privée et de la vie professionnelle. Le stress est multifactoriel. L’entreprise n’est donc pas l’unique responsable du stress de ses collaborateurs. Tout comme les collaborateurs ne peuvent pas être totalement livrés à eux-mêmes pour trouver des solutions au stress cumulatif qui les accable.

Pour nous éclairer, nous pourrions identifier trois domaines qui se superposent :

1) Les facteurs personnels de fragilité ou de protection :

  • La personnalité et la génétique (tendance au perfectionnisme, à l’anxiété, à la dépression, au syndrome de l’imposteur …)
  • Les conditions de vie : intégration sociale, qualité du logement et du transport, sérénité de l’environnement, soucis financiers …
  • L’hygiène de vie : pratique sportive, alimentation, sommeil…
  • La stabilité ou l’instabilité de la vie : divorce, deuils, déménagement, départ des enfants …
  • La qualité du réseau relationnel, source de soutien ou de lourdeurs.

2) Les facteurs de stress professionnels :

Sur le contexte personnel et privé, qui possède soit un potentiel de fragilité soit un potentiel de protection, arrivent alors les conditions professionnelles :

  • Le contexte de l’entreprise,
  • L’organisation du travail,
  • Les conditions de travail,
  • La qualité managériale,
  • Les compétences pour faire face aux défis.

3) Les réactions cumulatives du salarié :

Face au contexte stressant ou à l’événement qui survient en entreprise (ou à la maison), l’individu réagit de manière plus ou moins favorable pour lui selon qu’il dispose de : 

  • La possibilité de prévoir la survenue des situations qui vont le challenger,
  • Une évaluation positive de ses ressources pour faire face aux situations,
  • La possibilité d’exercer sa marge de contrôle (latitude décisionnelle),
  • Un feedback de son efficacité dans l’action,
  • Une bonne gestion de ses émotions,
  • La capacité à demander et à trouver du soutien social (pair), professionnel (manager) ou personnel (famille, amis)
  • La capacité à se ressourcer.

Avec ce dernier point, la capacité à se ressourcer, la boucle est en quelque sorte bouclée, entre l’avant stress et l’après stress.

Tout l’enjeu est donc de faire en sorte que la boucle se ferme à un moment et que l’individu ne passe pas d’une situation stressante à une autre, sans soutien, sans décompression, sans possibilité de prendre du recul, bref … sans possibilité de lever la tête du guidon.

Ainsi, on voit d’évidence, par exemple, que l’incapacité à se déconnecter va impacter les capacités à recharger ses batteries.

Posées ainsi en notions simples, les signaux d’alertes de fragilité, puis les éléments de cumul du stress, et les possibilités d’intervention de l’entreprise et du management, apparaissent plus évidentes.
_____________________________________________________

*enquête Ipsos - Qualisocial du 23 au 29 novembre 2023

Tags: Stress Organisation Bonnes pratiques