« Louis XIV, despote éclairé, a vaincu la fronde, survécu à la typhoïde, construit le château de Versailles, régné 72 ans, mais aussi aimé la béchamel qui n’était pas l’une de ses nombreuses favorites » l’auteur.

Louis de Béchameil[1] fit connaitre et apprécier de Louis XIV une sauce créée par François Pierre de la Varenne[2], écuyer de cuisine du marquis d’Uxelles[3]. Sauce dite « blanche » réalisée à partir d’un roux, assemblage de farine et de beurre, puis cuit à la demande, mouillée au lait. Depuis elle est devenue la sauce Béchamel, sauce mère de la cuisine. Escoffier[4] dans son ouvrage Le guide culinaire[5], en 13 pages et 80 recettes présente les possibilités d’utilisation de cette sauce fondamentale, épreuve de base du CAP professionnel. Pour les soft skills c’est la même chose, mais en sens inverse.

A ce jour les soft skills sont présentés sous la forme d’actions à mener en termes de résultats et/ou d’objectif. Il est mis à disposition des « plats », sans indiquer les recettes et les ingrédients. La modélisation des soft skills[6] propose une réponse à cette carence.

Le beurre, la farine, le lait ; oui, mais quoi ?

« La réponse est oui, mais quelle est la question ? » Woody Allen[7].

A ce jour nous maitrisons l’origine des soft skills, à savoir l’édiction du concept en 1972 par l’armée américaine[8] comme étant « Compétences liées à l’emploi impliquant des actions affectant les relations humaines ».

Les réponses à ce concept sont publiées régulièrement sous la forme de listes d’injonctions dont la plus célèbre aussi directive que dépourvue de contenu est produite annuellement par Le Forum Économique Mondial[9] sous la forme de 15 compétences essentielles à développer aujourd’hui et demain, à l’horizon 2025[10] !

  • 01 Pensée analytique et votre capacité d’innovation.
  • 02 Techniques d’apprentissage actif.
  • 03 Résolution des problèmes complexes.
  • 04 Analyse et pensée critique.
  • 05 Créativité, originalité et prise d’initiative.
  • 06 Leadership et influence sociale.
  • 07 Utilisation, veille et contrôle de la technologie.
  • 08 Concevoir des technologies et programmations.
  • 09 Résilience, stress, tolérance et flexibilité ;
  • 10 Raisonnements, création d’idées et résolution de problèmes.
  • 11 Intelligence émotionnelle.
  • 12 Après-vente et expérience utilisateur.
  • 13 Orientation service client.
  • 14 Système d’analyse et évaluation.
  • 15 Persuasion et négociation.

Les 15 compétences citées décrivent des softs skills, des compétences comportementales à l’exception de la 08 : Concevoir des technologies et programmation, qui est une compétence technique au regard de la définition d’origine.

Après lecture nous persistons et nous signons la demande de disposer pour chaque soft skill de sa recette et de ses ingrédients pour réaliser l’assemblage pertinent conduisant au résultat attendu par l’injonction d’origine.

Le beurre, la farine, le lait ; oui, mais comment ?

« La cuisine c’est l’art de transformer instantanément en joie des produits chargés d'histoire ». Guy Savoy[11],

Le guide proposé est le « LIVRE BLANC, La modélisation des soft skills ». Il présente la rencontre entre Newton[12], Aristote[13] et l’edsm7c[14].

La modélisation permet d’évoluer d’un système compliqué vers un système complexe pour conduire commodément son étude et son exploitation afin d’identifier et d’en mesurer les composants. L’edsm7c, Education de Soi-Même en 7 Clés modélise les paramètres usuels des soft skills.

Aristote met à disposition les figures de style. La métaphore et l’analogie autorisent la comparaison, la ressemblance entre les deux situations : les soft skills et l’edsm7c. Le schéma suivant présente le modèle edsm7c suivant le cercle des couleurs de newton.

Cercle chromatique des softs skills 

Il est possible de créer le comportement de son choix par l’assemblage des paramètres primaires de l’edsm7c : Posture – Obtenance – Qualité ; les paramètres secondaires : Art oratoire – Management – Stress ainsi que les paramètres tertiaires, Vécu, Attendu, Faire faire, Obtenir, Rhétorique, Charisme. Le degré d’intensité est obtenu par la clé Apprendre à apprendre au niveau souhaité : 1 Ignorant, 2 Débutant, 3 Confirmé, 4 Expert, 5 Maitre.

Il s’agit de la mère des recettes pour utiliser les composants fondamentaux des soft skills. Il suffit de l’appliquer pour chaque injonction afin de déterminer les ingrédients et l’assemblage, en un mot une recette. Le traitement de la compétence 09 Résilience, stress, tolérance et flexibilité propose une démarche exemplaire applicable pour chaque soft skill.

Le stress, syndrome général d’adaptation a été défini par Hans Selye[15]. Il a utilisé le vocable stress ; stress positif : eustress ou négatif : distress. A l’origine le vocable stress définit une action physique de type contrainte mécanique qui entraîne une rupture.

Hans Selye 1907-1982 endocrinologue canadien d’origine autrichienne et hongroise, fondateur des études sur le stress et développées par le Professeur Henri Laborit[16], illustré dans le film, Mon oncle d’Amérique.

La résilience définie l’action de renoncer, de supprimer un fait. En mécanique ce mot défini la capacité d’un matériau à résister à un choc. En psychologie il exprime la capacité d’un individu à accepter la situation par un raisonnement admissible. Les travaux de Boris Cyrulnik[17] présentent des moyens opérationnels pour y parvenir : « Le malheur n'est jamais pur, pas plus que le bonheur. Un mot permet d'organiser une autre manière de comprendre le mystère de ceux qui s'en sont sortis : la résilience, qui désigne la capacité à réussir, à vivre, à se développer en dépit d'adversité ».

L'objectif, pour tout stressé et/ou stresseur, porte sur la nécessité absolue de passer du stress négatif ACTH Adreno CorticoTropic Hormone, au stress positif, adrénaline et dopamine.

Recette 01 Le stress traité par la posture.

La posture permet de se protéger de façon permanente en agissant sur l’attitude, faire évoluer son état d’esprit vers l’acceptation.

Les ingrédients : la posture clé 02

  • Comportement : savoir-être.
  • Attitude : état d'esprit.
  • Valeurs : conviction (croyance), responsabilité (fonction).
  • Connaissance : savoir
  • Compétence : savoir-faire.
  • Motivation : élément moteur de l'action.

La préparation :

01 Différencier les valeurs de responsabilité des valeurs de conviction. Les valeurs de responsabilité sont liées à chaque fonction qu’elle soit sociale, familiale, professionnelle ou intime.

02 Changer d’état d’esprit en se dégageant de l’implication de sa conviction en engageant sa responsabilité.

03 Développer ses connaissances sur le mécanisme du stress selon Hans Selye.

04 Appliquer au quotidien ses connaissances, notamment en dissociant le moi, la fonction et le rôle.

05 Utiliser la démarche de motivation centrée sur la connaissance, la responsabilité, et l’accomplissement de sa responsabilité.

La gestion de la posture revient à incarner son rôle au regard de la situation, source de motivation et de production de stress positif au lieu et place du stress négatif.

Recette 02 Le stress traité par le refus.

Traiter les effets du stress négatif par la qualité, notamment l’écart entre l’attendu et le vécu en traitant les effets comme une anomalie.

Les ingrédients : la posture clé 02 et la qualité clé 07

La posture cf. recette 01

La préparation :

01 Faire des exercices physiques dans la limite de ses possibilités physiques et en fonction de ses goûts et aptitudes.

02 Interdit : consommer de la drogue, produit créant une dépendance, pour anéantir les effets de l’ACTH tel que tabac, alcool, douces, dur…

03 Développer les plaisirs personnels, passetemps, rencontres, activités plaisantes…

04 Trouble de l’alimentation sous la forme de boulimie et ou d’anorexie. Cet indicateur est à traiter par l’origine du stress pour en supprimer la cause.

05 Pleurs, expression de l’ACTH en situation d’écart attendu - vécu socialement positif ou négatif à limiter dans le temps.

06 Médication, aide temporaire à utiliser sous contrôle médical et à limiter dans le temps.

07 Somatisations, création par l’ACTH de maladie du simple au grave, cela nécessite un double traitement la maladie et l’origine du stress négatif.

08 Relaxation, à faire sans limites, sous toutes ses formes, méditation, yoga, training autogène…

Cette recette de traitement des effets du refus est un palliatif apaisant qui soulage momentanément, mais qui ne supprime pas la cause du stress négatif.

Recette 03 Le stress traité par l’acceptation.

Décider d’accepter l’écart entre l’attendu et le vécu.

Les ingrédients :

Posture, dont valeur de responsabilité

La préparation :

01 Le deuil : accepter une situation comme étant irréversible, respecter les étapes : constat, réflexion, acceptation et fin de deuil

02 Le stoïcisme : c’est l’acceptation flegmatique des situations. « Mon Dieu, donne-moi le courage de changer les choses que je peux changer, la sérénité d’accepter celles que je ne peux pas changer, et la sagesse de distinguer entre les deux ». Marc Aurel[18].

03 Supprimer l’intolérance à la frustration. Arrêter de vouloir toute chose de suite, accepter les contraintes.

04 Relativiser : ne pas s’investir si l’on ne peut intervenir sur une situation. Exemple la météo : il n’existe pas de mauvais temps il existe seulement de mauvais équipements.

Recette 04 Le stress traité par le vécu.

Pour supprimer l’écart entre l’attendue le vécu, pour le rendre acceptable il convient de modifier les conditions du vécu à l’aide de méthodes de résolution de problème.

Les ingrédients :

Qualité clé 07 dont la résolution de problème.

La préparation :

01 Identifier la personne, le problème est toujours celui de quelqu'un.

02 L’identification du problème, cela fait partie de la solution.

03 Identifier le contraire de la résolution de problème, la désignation du coupable si un coupable est désigné, le problème à disparu.

04 Faire la différence entre la démarche d'étude de problème et de prise de décision

05 Comprendre la situation, notamment le problème apparent et le problème réel.

06 Définir qui suis-je dans le problème.

07 Formuler le problème avec la liste des informations à disposition

08 Identifier l’objectif

09 Faire la liste des idées de solution(s) ou d'amélioration(s) par une approche créative, exemples remue-méninges, avocat de l’ange, portrait chinois…

12 Prendre la décision à l’aide d’une matrice.

Recette 05 Le stress traité par l’attendu.

Les ingrédients :

Management clé 05, envers soi-même et les autres

Posture clé 02, dont connaissances, compétences, motivation.

La préparation :

01 Définir un objectif de résultat précis : Il n’y a pas de vents favorables pour celui qui ne connaît son port " » Sénèque[19]. Assorti d’un objectif de moyens pour y parvenir.

02 Valider le niveau de connaissance et de compétence des moyens mis en œuvre.

03 Réguler la mise en œuvre des moyens

04 Utiliser les conséquences de l’imagination sur la réalité selon la planche de Pascal et des effets placébo et nocébo.

05 Gérer les modes de pensées dits de l’usurpateur, de l’illégitimité.

Autres recettes

Chaque situation relationnelle met en cause une ou plusieurs compétences comportementales. Ce qui a été présenté pour le stress s’applique par une démarche identique dans toutes les situations par exemple :

03 Résolution des problèmes complexes avec la clé 07 Qualité.

06 Leadership et influence sociale avec la clé 06 Art oratoire.

11 Intelligence émotionnelle avec les clés 02 Posture, 04 Stress et 05 Qualité. 03

15 Persuasion et négociation - Persuasion and négociation avec les clés 03 Obtenance et 06 Art oratoire.

02 Techniques d’apprentissage actif, la clé 01 apprendre à apprendre régule l’ensemble des compétences comportementales et apporte une réponse à la compétence.

Aristote expose la relation entre la connaissance abstraite et la compétence éthique. La capacité de rassembler ces éléments éparts pour les faire interagir de façon cohérente a pour nom l’intelligence. L’application pratique de ce raisonnement se trouve dans l’action pédagogique du pourquoi ? et du comment ? dite « abductive ».

Cette démarche pédagogique a pour vertu de proposer une approche propre à faire autorité à partir de la relation entre l’expertise conceptuelle (lois et théories universelles) et l’expérience contextuelle (faits établis par l’observation). La conséquence directe de cette approche est de développer une information qui fait autorité. Le raisonnement s’applique en 8 phases :

POURQUOI est-ce ainsi ? Pouvoir appliquer dans des situations différentes.

01 Situation vécue devant une situation, pourquoi est-ce ainsi ?

02 Lois et théories universelles, principes fondamentaux.

03 Conceptualisation, concept, hypothèses, modèles, théories, l’idée traduite en mots.

04 Méthode, mode opératoire, process, procédé.

COMMENTfaire ? Pouvoir appliquer dans une situation définie.

05 Méthodologie, science d’application de la méthode, comment faire ?

06 Action, savoir-faire, tour de main, réalisation.

07 Résultat indicateur, critères, unités de compte.

08 Cohérence Régulation au regard de la situation de départ.

La démonstration est ainsi faite que l’on possède la connaissance des données théoriques et conceptuelles qui permettent de reproduire l’action et de pouvoir la décliner dans d’autres champs.

Conclusion

« Le succès est la somme de petits efforts répétés jour après jour » Robert Collier[20].

J’emprunte à Brillat-Savarin[21] sa formule « Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es » pour affirmer « Montre-moi tes soft skills, tes compétences comportementales, je te dirai qui tu es ».

_______________________________________________________

Le livre blanc "La modélisation des soft skills" est téléchargeable gratuitement ICI.

[1] Louis Béchameil, marquis de Nointel, 1630 – 1703, homme de finance français, maître d’hôtel de Louis XIV.

[2] François Pierre de La Varenne, 1618 – 1678, cuisinier français, fondateur de l’évolution de la cuisine, « Cuisinier françois, ou est enseigné la manière d’apprêter toures forte de viandes, de faire toutes fortes de Patifferies & de Confitures » 1651 J Canier éditeur.

[3] Nicolas Chalon du Blé, marquis d’Uxelles 1652 – 1730, militaire français.

[4] Auguste Escoffier 1846 – 1935, homme de cuisine français fondateur de la cuisine contemporaine

[5] Escoffier, le guide culinaire Flammarion 1921

[6] LIVRE BLANC, La modélisation des soft skills, Jean-Jacques Machuret, Docteur ès Sciences de Gestion Cnam ; Version 03 du 21 02 2024 cf. disponible gratuitement sur le site http://edsm7c.com

[7] Woody Allen, nom d’artiste d’Allan Stewart Konigsberg, 1935 -, artiste américain.

[8] La conférence de 1972 réunissant les experts respectifs du CONARC[8] pour la formation et ceux de l’HumRRO[8] pour l’organisation a engendré la définition initiale des soft skills comme étant « Compétences liées à l’emploi impliquant des actions affectant les relations humaines ».

[9]https://www.coorpacademy.com/blog/learning-innovation/world-economic-forum-soft-skills-preparer-employes-aux-jobs-de-demain/

[10]https://www.weforum.org/publications/the-future-of-jobs-report-2023/

[11] Guy Savoy 1953, Chef cuisinier français.

[12] Isaac Newton, 1642-1727, homme de sciences britannique. 

[13] Aristote 384-322 av. J.-C. philosophe grec

[14] Education de Soi-Même en 7 Clés

[15] Hans Selye 1907-1982 endocrinologue canadien d’origine autrichienne et hongroise, fondateur des études sur le stress

[16] Henri Laborit 1914-1995, neurobiologiste français, spécialiste du comportement.

[17] Boris Cyrulnik,1937 –, Médecin neuropsychiatre, français.

[18]Marc Aurel, 121-180, empereur romain et philosophe stoïcien.

[19]Sénèque 4 av. J.-C., - 1 apr. J.-C. Philosophe et homme d’État romain.

[20] Robert Collier 885 – 1950, homme de lettre, américain

[21] Jean Anthelme Brillat-Savarin, 1755 – 1826, homme politique et gastronome français.

Tags: Soft skills Comportement Sens