Quand j’ai débuté ma carrière dans le recrutement il y a une vingtaine d’années (cela ne me rajeunit pas ☹), je ne savais pas forcément trop à quoi m’attendre et je ne savais pas où je mettais concrètement les pieds. J’avais, il faut bien l’admettre, une vision un peu caricaturale et fausse de l’écosystème du recrutement. C’est donc, sur le tas, que j’ai appris, jour après jour, ce beau métier de recruteur.
Je vous avoue que j’aurais bien aimé être davantage conseillée et guidée dans mes premiers pas.
Aussi, vous ne m’avez rien demandé, mais vous trouverez dans cet article les principaux conseils que j’aurais aimé recevoir à titre personnel au tout début de ma carrière. Cela m’aurait fait gagner un temps précieux et m’aurait aidée à mieux me positionner vis-à-vis de mes différents interlocuteurs et à devenir plus performante plus rapidement. C’est parti !
Conseil 1 : la posture c’est primordial !
Le premier conseil que j’aurais aimé recevoir : en tant que recruteur, la posture est primordiale !!
Il est essentiel de se positionner en tant que « partenaire » et en tant qu’ « égal » avec le hiring manager et ce dès la phase de recueil du besoin ( brief) ou du « kick-off ». Ce terme de kick-off, de plus en plus fréquemment utilisé en recrutement, n’est pas anodin mais traduit le fait que le recrutement est un projet collaboratif entre le hiring manager et le recruteur.
Tout au long du processus mais tout particulièrement lors du « brief », un recruteur doit se positionner comme le « sachant » en recrutement et doit donc conseiller le hiring manager sur la stratégie de recrutement, les éléments à mettre en avant sur l’annonce, le conseiller sur les rémunérations pratiquées sur le marché, l’accompagner dans la définition du besoin et l’accouchement des vrais bons critères de recrutement, lui faire passer les bons messages sur le caractère trop ambitieux voire irréaliste de ses attentes et demandes, se mettre d’accord avec lui dès le kick-off sur le modus operandi ( organisation du processus de recrutement, délais de réponse des uns et des autres ou bien encore les modalités de reporting)…
Pour ce faire, le recruteur doit s’appuyer sur des chiffres et des résultats d’études concrets et tangibles afin d’asseoir sa crédibilité et sa légitimité. Cette manière de procéder est une des clés pour établir une relation plus harmonieuse et constructive et permettre ainsi un partenariat efficace sur le long terme.
Conseil 2 : ne pas avoir peur de tester
Deuxième conseil, il est important de ne pas avoir peur de « tester » en recrutement : tester l’intitulé d’une annonce et voir ce qui fonctionne le mieux, tester d’autres canaux de sourcing, tester différents messages d’approche, tester les outils d’IA…
Le monde du recrutement évolue rapidement ; idem pour les habitudes et les attentes des candidats.
Il est essentiel en tant que recruteur de se remettre en question, de remettre en question ses pratiques afin d’éviter de rester coincé dans des pratiques dépassées sous prétexte « qu’on a toujours fait comme ça ».
Pour ce faire, monitorer et suivre avec des indicateurs clairs son activité est primordial car ce qui ne se mesure pas ne s’améliore pas.
Conseil 3 : se méfier de soi-même et de ses biais cognitifs
Troisième conseil, il est primordial d’être profondément conscient que tout être humain est, en permanence, assailli par des biais cognitifs qui influencent fortement son comportement et ses prises de décisions. Cela est également et évidemment valable pour tous les recruteurs !
Le recrutement n’est pas épargné par les biais cognitifs, loin de là ! Il offre même un formidable terrain de jeu pour les biais qui, si rien n’est mis en œuvre pour s’en prémunir, s’en donnent littéralement à cœur joie. On peut alors dire bye bye équité, objectivité et performance des recrutements.
« Nous avons rencontré l’ennemi, et c’est nous » écrivait Walt Kelly. Il est essentiel de constamment le garder en tête et de se méfier de son feeling en entretien.
Conseil 4 : le meilleur candidat n’est pas le meilleur collaborateur
Quatrième conseil, attention à ne pas confondre meilleur candidat et meilleur collaborateur ! Ce ne sont pas forcément les mêmes personnes ! Il y a des personnes qui excellent en tant que candidats ( première impression au top, présentation, allure, poignée de main, assurance, réponse à tout, humour, …) mais qui, s’avèreront être de piètres collaborateurs une fois embauchées car ne disposant pas des compétences requises.
Or le recrutement consiste non pas à recruter le meilleur candidat - à savoir l’individu qui s’en sort le mieux dans l’exercice délicat et spécifique de l’entretien de recrutement - mais le meilleur futur collaborateur disposant des compétences adéquates pour réussir dans le poste à pourvoir. Il est donc capital de revenir sans cesse à la liste de critères soigneusement établis.
Conseil 5 : le recrutement n’est pas un poste réservé aux débutants
Cinquième conseil, le recrutement n’est pas un poste réservé uniquement aux débutants afin d’évoluer vers d’autres fonctions RH plus valorisées et valorisantes. Il ne s’agit pas « que » d’un métier tremplin.
C’est un métier à part entière au sein duquel on peut travailler, évoluer et apprendre pendant de très nombreuses années : expert sourcing, responsable d’une équipe de recrutement, Recops, …
Conseil 6 : la vie d’un recruteur n’est pas linéaire
Sixième conseil, la vie d’un recruteur n’est pas linéaire : il y a des grands moments de joie voire d’euphorie lorsque l’on déniche la perle rare après plusieurs semaines de recherches et qu’elle accepte notre proposition de recrutement mais il y a également des moments plus compliqués à vivre où on a la moral dans les chaussettes lorsqu’on essuie refus sur refus de la part des candidats, lorsque la pression monte côté hiring manager, lorsque le candidat parfait refuse notre proposition d’embauche ou nous ghoste subitement.
Bref, le métier de recruteur ce sont les montagnes russes émotionnelles 🎢 !
Conseil 7 : les recruteurs ont une lourde responsabilité sociétale
Septième et dernier conseil : en première ligne face aux candidats, les recruteurs ont une lourde et authentique responsabilité sociétale et sont un maillon crucial de la « chaine de l’emploi ».
En tant que premier maillon de la chaîne, ce sont, en effet, les recruteurs qui décident ou non de retenir un profil et de lui donner la possibilité de poursuivre le processus de recrutement et de défendre ses chances pour un poste.
La politique de l’emploi passe donc avant tout par les recruteurs eux-mêmes. Ces derniers sont extrêmement bien placés pour faire bouger les lignes et peuvent, de manière très concrète, contribuer à faire évoluer les mentalités que ce soit sur la diversité, le handicap, les profils jugés « atypiques » ou bien ne cochant a priori pas toutes les cases.
Le rôle des recruteurs est donc critique et hautement stratégique au sein de notre société. Assurément, un beau métier !
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