Ce qu’on appelle « la sécurité de l’emploi » repose sur la faible probabilité de perdre son travail, en tous cas contre sa volonté. Selon l’enquête d'ADP Research Institute, « People at Work 2023 : l'étude Workforce View »[1], elle arrive en deuxième position des attentes des salariés (pour 40 % d’entre eux), derrière le niveau de rémunération (66 %), qui reste, dans le contexte économique actuel, leur préoccupation principale.
Des constats ”alarmants” sur la sécurité de l’emploi
Deux chiffres illustrent la perception de fragilité et d’incertitude en la matière :
- 68 % des travailleurs pensent qu’aucune profession n’échappera aux effets de l’incertitude économique.
- 38 % des salariés français ne se sentent pas en sécurité dans leur emploi, soit deux salariés sur 5, ce qui est loin d’être négligeable en termes de fidélisation et d’engagement, tant il est vrai que ces valeurs reposent fortement sur la confiance ; surtout lorsqu’on constate que cette perception est plus sensible chez les 18-24 ans (43 %).
Dire que les entreprises, qui ont tant de mal à recruter, ont intérêt à s’emparer du sujet… est un euphémisme !
Nouvelles organisations du travail et insécurité de l’emploi
Comment s’en étonner, compte tenu des débats actuels sur les nouvelles organisations du travail : les salariés travaillant uniquement à distance sont ceux qui se sentent le plus en insécurité (55 %), contre 38 % de ceux qui exercent en 100% présentiel… mais seulement – si l’on peut dire – 34 % en mode hybride. C’est peut-être un peu léger pour discerner une tendance, mais ce n’est pas anodin tout de même.
Toujours selon la même enquête d’ADP, il faut noter que seuls 27 % des salariés travaillant dans une grande entreprise (plus de 1000 employés) se sentent en sécurité dans leur emploi, contre 43 % dans les PME (entre 10 et 250 salariés). C’est en partie contre-intuitif lorsqu’on sait que les PME sont plus directement exposées aux conséquences des crises économiques, sociales et géopolitiques.
De l’incertitude économique à l’insécurité professionnelle
Nous l’avons déjà mentionné : près de 7 travailleurs français sur 10 pensent qu'aucune profession ne sera épargnée par l'incertitude économique actuelle. Un ressenti qui est plus fortement partagé par les collaborateurs âgés de 35 ans et plus (71 % contre 64 % des 18-34 ans). A noter que ce sentiment est moindre sur l’ensemble de l’Europe, avec une moyenne de seulement (Sic !) 57 %.
Les raisons économiques semblent dominantes dans cette perception sur les raisons technologiques, puisque seuls 14 % des français (comme des européens) estiment que d'ici cinq ans le recours à l'intelligence artificielle sera la norme dans son secteur d'activité et aura pour effet de réduire les tâches manuelles, contre 23 % au niveau monde.
Comment conserver la confiance des collaborateurs ?
Alors que le monde s’adapte au fur et à mesure au travail hybride et que de nombreux collaborateurs souhaitent travailler à distance, l’un des défis des employeurs est de conserver la satisfaction de leurs salariés vis-à-vis de la sécurité de l’emploi.
- 46 % de ceux qui travaillent uniquement à distance se déclarent satisfaits de la sécurité d’emploi que leur garantit leur entreprise, et pourtant plus de la moitié d’entre eux (51 %) envisagent de faire des heures supplémentaires pour sécuriser leur situation. Cela en dit long…
- 61 % de ceux qui travaillent uniquement en présentiel se déclarent plutôt satisfaits et seuls 27 % d’entre eux envisagent de travailler plus.
- 65 % de ceux qui travaillent en mode hybride se disent satisfaits… mais ils sont néanmoins 33 % à envisager plus d’heures supplémentaires.
Sachant que, selon la déclaration des répondants, la moyenne des heures supplémentaires non rémunérées se situe en France à 5,53 H par semaine, et jusqu’à 7,66 H par semaine pour les salariés en 100 % télétravail (5,92 en mode hybride et 5,06 sur site), il y a sans aucun doute des questions à se poser.
Je laisserai la conclusion à Carlos Fontelas de Carvalho, Président d’ADP France : « Les employeurs doivent redoubler leurs efforts pour montrer à leurs équipes qu’elles sont appréciées à leur juste valeur, que leurs contributions sont reconnues et que des opportunités de formation associées à des perspectives d’évolution vont favoriser leur avenir professionnel. Cet environnement de travail positif doit être ressenti y compris par les salariés travaillant à distance. L’étude « People at Work 2023 : l'étude Workforce View » tend à montrer que ces derniers peuvent craindre de ne pas être assez “visibles” pour se révéler indispensables à leur entreprise. Il est donc primordial devaloriser le rôle central des managers de proximité dans le maintien du lien, aussi bien sur site qu’à distance, et d’accélérer leur formation pour cela, afin que chaque collaborateur puisse faire entendre sa voix ».
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[1] Le rapport « People at Work 2023 : l’étude Workforce View » étudie les comportements des salariés face au monde du travail actuel, ainsi que leurs attentes et espoirs vis-à-vis de leur futur environnement de travail. ADP Research Institute a interrogé 32 612 actifs dans 17 pays, dont 1 912 en France.
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