Parmi les attentes des salariés français – comme nous l’avons vu dans un précédent article –, après le salaire et la sécurité de l’emploi viennent le plaisir au travail (Sic !) et la flexibilité des horaires. C’est ce que nous enseigne le rapport « People at Work 2023 : l’étude Workforce View »[1], qui étudie les comportements des salariés face au monde du travail actuel, ainsi que leurs attentes et espoirs vis-à-vis de leur futur environnement de travail.

Il ne fait pas de doute que les années de crise sanitaire, puis la guerre aux portes de l’Europe et ses conséquences économiques, ont impacté le quotidien d’une majorité de personnes, les amenant à réviser certaines priorités. Si la flexibilité n’arrive aujourd’hui qu’en quatrième position, c’est probablement parce que les pratiques de travail à distance inaugurées pendant les confinements semblent avoir entériné désormais des solutions d’organisation hybrides plus satisfaisantes et durables aux yeux des travailleurs, surtout dans les grandes entreprises (dans 79 % d’entre elles, selon un sondage d’Opinion Way).

De l’organisation hybride… à la semaine de 4 jours

Néanmoins l’organisation hybride est une chose – la majorité des entreprises qui le pouvaient l’ont adopté –, la semaine de 4 jours en est une autre ! Or, toujours selon la même étude, 22 % des travailleurs français (28 % au niveau monde) estiment que la semaine de 4 jours sera la norme dans leur secteur d’activité d’ici 5 ans. Cela montre au moins que les jours de télétravail inclus dans une organisation hybride sont considérés par les salariés comme de vrais jours de travail, et qu’ils s’attendent à une diminution du nombre total de jours par semaine. Ils anticipent donc une évolution des formes d’emplois. Sans surprise, c’est dans l’industrie et dans les secteurs où le télétravail est moins possible qu’ils sont les plus nombreux à affirmer que la semaine de 4 jours deviendra la norme…

Derrière ces chiffres, nous voyons bien qu’un meilleur équilibre vie professionnelle-vie privée gagne le monde du travail ; le phénomène s’est clairement accéléré depuis trois ans, et la réduction du nombre de jours de travail peut réduire en partie les inégalités entre ceux qui sont éligibles au télétravail et ceux qui ne le sont pas. Rappelons tout de même qu’en France, selon une étude Harris Interactive pour le ministère du Travail, 46% des Français ne peuvent absolument pas télétravailler.

Concilier semaine de 4 jours et niveau de rémunération

Lorsqu’on les interroge sur leurs attentes personnelles, 37 % préféreraient effectivement travailler 4 jours par semaine, mais en conservant le même salaire, avec des journées de travail plus longues. L’impératif économique est toujours présent, et rappelons que 54 % des Français estiment percevoir un salaire insuffisant (seuls 26 % considèrent être correctement payés). Ils ne sont que 9 % à envisager de travailler moins de jours par semaine avec un salaire réduit.

En revanche, une semaine de travail plus courte serait une alternative envisageable pour un quart des salariés (25 %) dans le cas où ils ne pourraient pas être augmentés. Comme le dit le proverbe : le temps, c’est de l’argent ! D’ailleurs, au niveau monde, une certaine flexibilité des congés payés est même anticipée : 27 % des salariés considèrent que, d'ici cinq ans, l’acquisition de jours de congés supplémentaires sera la norme.

Semaine de 4 jours : des opportunités… et des risques !

Carlos Fontelas de Carvalho, président d’ADP en France et en Suisse, prévient des risques éventuels : « Il est nécessaire de faire preuve de vigilance car les risques d’épuisement professionnel chez les salariés existent, que ce soit en travaillant sur des journées plus longues ou en devant réaliser leurs missions en moins de temps. De plus, il est évident qu’une semaine de 4 jours génère aussi des défis considérables en termes d’organisation du travail et du maintien du service et n’est pas réaliste dans de nombreuses organisations. »

Il est certain que se réorganiser pour adopter une semaine de 4 jours n’est pas sans conséquences sur la conception même du travail. La recherche d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée n’est peut-être pas seulement une question de répartition des temps de travail et de repos. Une approche qualitative du travail, du plaisir à travailler et de l’épanouissement qu’il peut permettre est sans doute aussi un facteur d’équilibre important. Les entreprises devraient peut-être accentuer leurs organisations sur cette dimension pour fidéliser leurs talents, avant de se confronter à des exigences parfois difficiles à mettre en œuvre.

La semaine de quatre jours est sans doute une solution possible et bénéfique dans certains secteurs et pour certaines entreprises, mais il semble à minima prudent pour toutes d’anticiper cette problématique du bien-être au travail et de l’équilibre de vie.
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[1]ADP Research Institute a interrogé 32 612 actifs dans 17 pays, dont 1 912 en France.

People at Work 2023 : l'étude Workforce View

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