« La culture générale est la véritable école du commandement, car elle forme l’intelligence et l’instinct. Ces deux qualités sont indispensables au chef pour discerner l’essentiel de l’accessoire et prendre les décisions rapidement ». [1] Charles de Gaulle
La responsabilité du DRH est stimulée lors du comportement non conforme d’un collaborateur dans le cadre de sa fonction. La décision à prendre est d’ordre individuel. Le choix des solutions est abondant, il fait appel à la culture générale : Cicérone / Coach / Conseiller / Consultant / Cornac / Educateur / Enseignant / Entraineur / Formateur / Guide / Instructeur / Mentor / Moniteur / Précepteur / Pygmalion / Répétiteur / Tuteur… Dans cette liste deux voies se distinguent celle du développement personnel le coach et celle de l’apprentissage le mentor.
Le coach, le mentor oui, mais quoi ?
« Je vous quitte, ô fils d’Ulysse… Il est temps que vous appreniez à marcher tout seul… » Mentor redevenu Minerve à Télémaque[2].
Pour comprendre la différence entre coach et mentor, il convient de déchiffrer leur origine.
Coach selon l’étymologie
Le coach est un anglicisme qui provient du français coche (véhicule) devenu dans l’argot universitaire d’Oxford vers 1830[3] une sorte de tuteur qui ‘’porte’’ l’étudiant vers la réussite de ses examens. L’application au sens sportif interviendra vers 1860.
Coach selon la définition officielle
A ce jour coach recouvre la notion d’entrainer, de manager et selon la définition de l’ICF International Coaching Federation : « Alliance entre le coach et ses clients dans un processus qui suscite chez eux réflexion et créativité afin de maximiser leur potentiel personnel et professionnel ». A ce titre le coach est considéré comme un acteur du développement personnel.
Des équivalents français sont recommandés officiellement pour le sport entraîneur pour coach (JO du 22 septembre 2000), et dans celui de l'économie d'entreprise : mentor et mentorat (JO du 26 mars 2004).
Mentor selon la mythologie
Mentor tient son origine dans la mythologie par l’épopée grecque d’Homère, l’Odyssée[4]. Ulysse met 10 ans pour revenir auprès de Pénélope. Mentor, son ami, prend en charge l’éducation de Télémaque, son fils, pendant ce temps. En fait Mentor est Athéna, pour les Grecs ou Minerve pour les Romains, déesse de la stratégie militaire, de la pensée, de la sagesse, des techniques et de l’enseignement ensemble des vertus permettant de conseiller les héros et de développer la civilisation.
Mentor selon Fénelon
François de Salignac de La Mothe-Fénelon, dit Fénelon se voit confier l’éducation du Duc de Bourgogne, petit dauphin de Louis XIV. Il produit une œuvre en 17 livres[5] pour apporter l’éducation et la culture indispensables à un dauphin royal. Il reprend l’histoire de Mentor et Télémaque de l’Odyssée par la description d’une monarchie idéale. Cette œuvre fut un immense succès d’édition en Europe et influença la pensée philosophique du XVIIIe siècle, dit des Lumières, auprès de Montesquieu et de ses compagnons de route. Fénelon exerça une profonde influence sur l’avènement de la démocratie de part et d’autre de l’Océan Atlantique. Les idées progressistes de Fénelon ont provoqué sa disgrâce et son exile sur la décision de Louis XIV.
Mentor selon la définition officielle
Terme recommandé par le ministère de la culture[6] : « Accompagnement professionnel personnalisé permettant d’obtenir des résultats concrets et mesurables dans la vie professionnelle et/ou personnelle. A travers le processus la personne approfondit ses connaissances et améliore ses performances ».
Définition par l’AFNOR NF X50 – 769 2.2.8 Mentorat / mentor[7] activité qui consiste à conseiller, former et accompagner une personne ou un groupe de personnes, dans le cadre de son poste de travail.
NOTE : Le mentorat comprend l'analyse de la situation, la définition des besoins, la conception, la formation, la mise en œuvre et la régulation. Cette action participe à l'acquisition de connaissances et de compétences professionnelles.
A ce titre le mentor est considéré comme un acteur de l’éducation.
Le mentor oui, mais comment ?
Savez-vous quel est le plus sûr moyen de rendre votre enfant misérable ? C'est de l'accoutumer à tout obtenir. Jean-Jacques Rousseau [8]
Pourquoi le collaborateur n’adopte-t-il pas le comportement défini par la fonction ? La réponse à cette question est l’existence et l’exploitation du référentiel des compétences comportementales défini par les valeurs de responsabilité de la fonction. A ce titre il doit satisfaire aux exigences des différentes étapes.
01 le référentiel comportemental doit exister :
« Vous ne pouvez résoudre un problème avec le même type de pensée qui a créé le problème. » Albert Einstein
Les points de non-conformité des compétences comportementales tiennent en général dans un premier temps à une méconnaissance consciente et/ou inconsciente des éléments comportementaux de la fonction, le Mentor doit mener un diagnostic des anomalies constatées.
Cf. https://www.rhinfo.adp.com/rhinfo/2022/manager-le-teletravail-par-les-soft-skills/
02 et 03 le référentiel comportemental doit être connu et compris :
« Il n’est pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va ». Sénèque
Si le collaborateur ne connait pas et/ou n’a pas compris le référentiel demandé, notamment les valeurs de responsabilité, il le remplace, alors, par son propre référentiel, ses valeurs de conviction, ses pensées automatiques programmées par ses expériences, son éducation…
Cf. https://www.rhinfo.adp.com/rhinfo/2022/le-drh-le-pleonasme-et-les-soft-skills/
04, 05 et 06 le référentiel comportemental doit être accepté, appliqué et régulé :
« La vie, ce n’est pas d’attendre que les orages passent, c’est d’apprendre comment danser sous la pluie[9]. » Sénèque.
Le mentor a pour vocation de faire comprendre les bénéfices que le mentoré va vivre de la mise en œuvre des compétences comportementales issues des valeurs de responsabilités de sa fonction.
Cf. https://www.rhinfo.adp.com/rhinfo/2022/renover-le-management-par-les-soft-skills/
Conclusion
« Tu sais, Axel, un petit garçon bien ne peut pas dire ça »[10]. En citant cette phrase prononcée par son père, après qu'il eut, enfant, proféré une injure raciste, Axel Kahn démontre les vertus du mentorat.
Le mentorat est un apport de connaissances liées à un système de valeur ce qui engendre l’éducation, synonyme d’acquisition d’un comportement durable. Axel Khan se souviendra toute sa vie de ce qu’il convient de faire chez ‘’un petit garçon bien’’.
Mentor est une personne qui se présente comme un conseiller, un sage instruit, éclairé, cultivé qui fait autorité dans son domaine et inspire confiance. Son action est conduite par la maitrise de la pédagogie et de l’ingénierie pédagogique réalisée en temps réel adossée au système de valeur de la fonction du mentoré.
Mentor (Athéna ou Minerve) fait évoluer le mentoré du chagrin de l’échec au plaisir de la réussite, il peut être considéré alors comme un dealer de dopamine[11].
[1] Charles de Gaulle, Vers l’armée de métier (1934),
[2] Les aventures de Télémaque Fénelon, Delagrave 1919 livre XVIII p 448
[3] Douglas Harper Etymology dictionary
[4] Fin du VIII siècle av. J.-C.
[5] Les aventures de Télémaque 1699
[7] Norme Afnor NF X 50 – 769 septembre 2012 Formation professionnelle Processus de réalisation d'une action de formation Recommandations / Bonnes pratiques opérationnelles en vigueur à ce jour
[8]Jean-Jacques Rousseau 1712- 1778 Ecrivain
[9] Sénèque 4 Av. J.-C. 65 Romain – philosophe, stoïcien
[10] Un type bien ne fait pas ça... : Morale, éthique et itinéraire personnel Axel Khan Dominique Missaka 2010 NiL
[11] Dopamine neurotransmetteur qui procure la sensation immédiate du plaisir elle amplifie la motivation et influence favorablement le comportement
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