Le secteur de l’apprentissage, déjà soumis à de nombreuses transformations, subit une accélération sans précédent depuis la crise de la COVID-19. La dynamique de transformation digitale actuellement en vigueur au sein du secteur de l’enseignement supérieur pose un ensemble de problématiques, notamment pour la formation des managers.
Nouveaux enjeux
L’enjeu est complexe, à commencer par le fait qu’un cours historiquement plébiscité par les étudiants peut, malgré tout, vivement déplaire dès lors qu’il est délivré en distanciel. Les mécanismes pédagogiques traditionnels semblent en effet s’enrayer à mesure que les lois de l’écran s’imposent au contenu. Une école désireuse de maintenir une expérience d’apprentissage de haut niveau, malgré le distanciel est, par conséquent, schématiquement confrontée à au moins deux options.
La première option – si l’on caricature – suppose d’établir son QG en plein cœur de la Silicon Valley afin d’élaborer des applications immersives et intelligentes en coopération avec les ténors de la datascience.
La seconde option implique quant à elle de poser ses valises à Hollywood dans le but de co-réaliser, avec des studios de production et d'éminents universitaires, de magnifiques contenus destinées à des plateformes de diffusion.
Quoiqu’il en soit, dans les deux cas, les métiers, ressources et facteurs clefs de succès ne seront plus les mêmes. Que faire des campus et comment repenser les lieux d’apprentissage ? Comment réorienter les investissements ? Quelle stratégie mettre en œuvre pour acquérir de nouvelles compétences ? Est-ce seulement envisageable ? Une telle transformation n’est en effet pas neutre, elle implique de profonds bouleversements au niveau stratégique.
Nouveaux modèles
La digitalisation dans la formation et l’enseignement supérieur ne crée pas simplement un nouveau canal de distribution. Elle enclenche également un cycle profond de mutations. Elle reconfigure complètement l’espace, le temps et le contenu des apprentissages. Une telle dynamique bouleverse les règles du jeu concurrentiel et crée de nouveaux standards.
Les acteurs historiques vont en conséquence devoir se réinventer. L’essor du numérique favorise en effet l’éclosion de moult modèles alternatifs, y compris offline, qui s’émancipent des schémas traditionnels. Les prix cassés, l’assurance d’employabilité, la focalisation thématique et l’ancrage territorial constituant, le plus souvent, le véhicule mobilisé par les outsiders pour remonter méthodiquement la chaîne de valeur.
Pour continuer à exister, les acteurs traditionnels devront relever plusieurs défis : garantir la sélectivité des étudiants tout en maintenant un processus de massification, trouver des éléments de différenciation face à une globalisation des offres en ligne, justifier que les services éducatifs proposés permettront aux apprenants d’avoir une bonne insertion et ascension professionnelle.
Nouveaux acteurs
Universités et écoles de commerce sont soumises à un environnement de plus en plus complexe qui impose une redéfinition en profondeur de leur organisation.
Dans ce marché de réputation, on assiste à une « plateformisation » des enseignements et à une « ubérisation » des professeurs. L’entrée de nouveaux acteurs (GAFA, Edtech, cabinets de conseils, …) et l’intérêt croissant des fonds d’investissement privés annoncent une recomposition du marché autour d’établissements dédiés à la recherche ou l’enseignement, ainsi qu’à des regroupements interdisciplinaires pour obtenir des tailles critiques.
Innovations pédagogiques pour former les managers
Le succès de la formation des managers nécessite de passer d’une transmission du savoir à la création de véritables expériences d'apprentissage. Ces expériences reposent, notamment, sur la capacité à développer des communautés apprenantes et à encourager les aptitudes à résoudre des problèmes par la coopération ou l’hybridation des compétences managériales et techniques.
L’usage des neurosciences et de l’intelligence artificielle permet la création d’indicateurs (learning analytics) qui améliorent la personnalisation et l’évaluation des formations. Toutefois, pour réaliser la transition vers une pédagogie plus active du management, il faudra des enseignants capables de penser le monde dans sa diversité et sa globalité afin de favoriser l’agilité et l’inclusion.
Pour aller plus loin :
Mamavi, O., & Zerbib, R. (2022). Transformation digitale et enseignement supérieur : Comment seront formés les managers de demain ? Éditions EMS.
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