La relance sur laquelle comptent les économies a grand besoin d’être soutenue, mais les milliards injectés ne produiront pleinement leur effet que s’ils sont accompagnés par une nécessaire montée en compétences des forces vives. Ces dernières années, le déficit en compétence s’est creusé dans l’hexagone. Il y a un défi de formation à relever, qui implique tous les acteurs et tous les secteurs.
Compétences : la France n’est pas au niveau
On connaît bien l’étude PISA (Program for International Student Assessment), qui depuis 20 ans inflige un camouflet à la France entière à chacune de ses éditions. Le classement pointe le piètre niveau des élèves français comparativement à leurs camarades de l’OCDE : nous sommes 25e, nous étions 11e en 2000. C’est régulièrement l’occasion de fustiger l’Éducation Nationale, ce que l’on ferait sans doute moins si on connaissait davantage l’étude PIAAC (Programme for the International Assessment of Adult Competencies) l’équivalent de PISA pour les adultes. Elle est l’exact reflet de sa comparse : résultats préoccupants et en dégradation. Le pays de l’école pour tous depuis 150 ans, de l’exception culturelle, qui abrite Ariane Espace comme le musée du Louvre... Est un cancre transgénérationnel.
Des conséquences sur la productivité et l’emploi
Il ne s’agit pas ici que de fierté, qui serait d’ailleurs fort bien placée. La productivité d’une population se situe dans la somme de ses compétences. Nos sociétés vieillissantes ont mécaniquement besoin de gagner en productivité pour maintenir leur niveau de vie, avec toujours moins de population active. Ce gain de productivité a tendance à s’infléchir, d’autant qu’il est plus difficile à obtenir dans le secteur tertiaire que dans les autres. L’effet collatéral direct est une moindre compétitivité, et ses conséquences sur l’emploi. Déficit de compétences et chômage persistant sont intimement liés, bien au-delà du phénomène des emplois non-pourvus qui n’est responsable que pour une part.
La French Touch ? Les inégalités
Plus que dans d’autres pays de l’OCDE on observe un fossé depuis l’école primaire jusque dans les grandes écoles, qui se prolonge chez les professionnels. L’élitisme républicain génère de l’excellence, mais elle n’est pas assez partagée. Un effet d’entre-soi amplifié par le jacobinisme persistant. En ajoutant à cela un manque de mobilité professionnelle et ce très français pessimisme, discipline dans laquelle nous sommes champions, on obtient la recette d’un moindre renouvellement global des compétences. La France regorge de talents, elle est efficace et performante en de nombreux domaines, mais la mention "peut mieux faire" s’impose. C’est aussi une bonne nouvelle, parce qu’il est très possible de faire mieux.
La crise amplifie le besoin de compétences
Le séisme Covid fait des dégâts, mais ses conséquences vont aller au-delà du besoin de reconstruction économique. Il va falloir reconstruire autrement. À l’image du transport aérien dont nul ne sait s’il retrouvera son niveau de trafic d’avant-crise, les années à venir vont amplifier et accélérer les mutations. Accélération de l’économie renouvelable, relocalisations industrielles, nouveaux modes de vie... Le monde d’après va faire appel à des compétences nouvelles, et parfois à retrouver.
Aller au-delà de la réforme de la formation
Cette réforme supplémentaire et indispensable a déjà montré des effets bénéfiques sur l’apprentissage. Difficile d’en dire plus compte tenu de la crise Covid, mais il est évident qu’il ne suffira pas d’un changement systémique pour améliorer une situation qui s’est dégradée au fil des décennies. C’est aussi la volonté qu’il faut développer, celle des individus. Une volonté de monter en compétence pour s’épanouir d’autant plus dans son travail, une volonté des dirigeants de l’encourager en développant la culture d’entreprise, en réinventant si besoin la manière d’envisager le collaboratif... De nombreux leviers sont à actionner au sein des organisations.
Canaliser les énergies
Nul doute que la sortie de crise va provoquer une libération des énergies dont il faudra profiter, et qui sera à canaliser. L’écosystème de la formation ne se limite pas aux mécanismes de financement et à l’appli "Mon CPF". Du côté des centres de formation comme des usagers, il faut accompagner la transformation systémique d’une transformation dans la manière d’aborder et de pratiquer. Généraliser l’évaluation en interne des besoins de formation, stimuler la concurrence entre les acteurs pour encourager l’innovation, proposer des programmes flexibles, professionnaliser l’ingénierie pédagogique...
Pouvoirs publics, dirigeants, forces vives...
Inventons la formation de demain pour le monde d’après.
________________________________________________________________________________________________________
Pour aller plus loin : https://www.relance-competences-obea.fr/
Newsletter RH info
INSCRIVEZ-VOUS !