L’Intelligence Artificielle (IA) et ses développements rapides dans la sphère professionnelle posent désormais la question de son impact sur l’avenir du travail. Les questions sont nombreuses sur les effets de l’arrivée de l’IA : en termes de destruction et création d’emplois, mais aussi d’organisation du travail pour en tirer le meilleur profit.
Un avenir incertain
Les avis sont contradictoires sur le nombre des emplois qui seront détruits et ceux qui seront créés ; on se rassure en se rappelant la théorie de Joseph Schumpeter, sans pouvoir certifier si la balance sera positive au final. Le contexte n’est pas le même et nous avançons dans l’inconnu pour prédire la rapidité de développement de l’IA. En tous cas il est probable que nombre d’emplois créés ne seront pas forcément tenus par les mêmes personnes… que les emplois détruits ! Cela posera inévitablement quelques difficultés sociales !
Concernant l’organisation du travail, la tendance est à vouloir rendre le travailleur humain plus intelligent en augmentant son QI. Cette augmentation peut passer par des manipulations de l’ADN ou plus “simplement” par des implants dans le cerveau. Elon Musk veut concevoir ces implants cérébraux ; mais comment pourrions-nous dépasser les capacités de traitement de machines de plus en plus performantes ? Le Docteur Laurent Alexandre nous explique que ceux qui auront moins de 150 de QI seront laissés en marge de la société… soit plus de 985 personnes sur 1000, selon les statistiques. Sic !
Des promesses à discerner
Ces visions nous entrainent vers une approche d’automatisation des tâches humaines, de robotisation d’humains dotés de prothèses artificielles, et en étape ultime le transhumanisme.
On pense même au manager augmenté grâce à l’ensemble de ces innovations en nous proposant un MOOC destiné à nous permettre de préparer notre collaboration avec l’IA et le Boston Consulting Group a réalisé une étude sur « collaborateur et manager augmenté ».
Nul doute que nous allons travailler de plus en plus avec les algorithmes et l'IA qui nous permettront d’économiser du temps.La vraie question est comment allons-nous réallouer ce temps ? Ne nous leurrons pas, ce sera en grande majorité en productivité avec des économies de poste tout en robotisant un peu plus le manager avec des logiques presse boutons magiques.
Et pourquoi pas une vraie transformation ?
Et si nous changions de paradigme et utilisions au moins une partie de ce temps pour permettre au manager de retrouver son humanité face à ses équipes ?
On nous inonde de messages autour de l'humain qu’il faut placer au centre de l’entreprise : il paraît que c’en est l’élément le plus important. Mais dans le même temps on nous passe aussi le message que l'IA sera en concurrence avec les travailleurs humain. Tout cela n'est pas logique et n'engendre pas la confiance dans le ménage radieux de l’homme au travail… avec son nouveau collègue en silicium ;-)
Recentrer sur l'humain ne passe pas par des discours et de belles applications sur l’intranet, mais par la restauration d’un lien social fort, fondé sur la confiance, l’autonomie et la responsabilité ; et le mieux placé pour porter cela, celui qui anime au quotidien les communautés de travail, c'est bien le manager.
Il faut donc lui permettre ce luxe du temps retrouvé : pour renouer avec l'écoute, le partage, la collaboration. Il faut le former aux softskills, au conseil, voire même au coaching, pour que l'épanouissement des membres de son équipe soit sa première priorité.
Je ne parle pas des artifices du “happy manager” ou du falacieux “bonheur au travail”, mais de la capacité à tenir des points individuels et collectifs, de donner du sens, de la reconnaissance, de détecter les blocages comme les craintes et d’accepter les critiques argumentées. Le manager doit ensuite bâtir un plan d’action et d’amélioration avec son équipe pour que chacun se sente bien dans son travail, avec des résultats au rendez-vous par une plus grande implication.
La technologie au service de l’humain
Les employés bénéficieront bientôt d’applications spécifiques pour gérer leur parcours professionnel ; mais là encore le manager ne doit pas laisser son rôle de soutien et de conseils aux algorithmes : il doit plutôt s’en servir comme base d’échanges plus ciblés et plus efficaces.
Les qualités relationnelles et émotionnelles du manager de demain seront au cœur des enjeux de rétention des talents et du niveau d’engagement. Cela lui demande de se positionner moins en leader qui commande et contrôle, et davantage dans une relation plus symétrique de service et de soutien. Les algorithmes pourront l’aider à cibler la pertinence de ses interventions… mais non à se retrancher derrière.
Faisons le pari que l'IA rende nos comportements plus humains, moins automatiques et procéduriers !
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